Le Duc de Bourgogne Philippe le Bon et le Roi Henri V de Lancastre
Atteint d’une pathologie mentale qui se révèle dès 1392, Charles VI (1368-1422) n’est plus en mesure de gouverner le royaume bien avant la fin de son long règne. Cette situation ouvre un champ de rivalités entre les frères du Roi qui met en péril le Royaume capétien au moment où celui-ci doit affronter la menace anglaise. Pire, ces rivalités finissent pas déclencher une véritable guerre civile entre la Maison d’Orléans et celle de Bourgogne à partir de 1405. C’est la lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons, où au meurtre de Louis d’Orléans (23 novembre 1407) répond le guet-apens du pont de Montereau-Fault-Yonne (10 septembre 1419) qui coûte la vie au Duc de Bourgogne Jean sans Peur (1371-1419).
L’assassinat de Jean sans Peur par les Armagnacs pousse son fils, le Duc Philippe le Bon, dans une alliance avec l’Angleterre. Philippe le Bon, qui ne reconnaît plus l’autorité du Dauphin (1) allié aux Armagnacs, jure au nom du Roi de France une nouvelle alliance avec Henri V. Le Roi anglais épousera la fille de Charles VI, Catherine de France, et montera sur le trône capétien à la mort de celui-ci.
Le traité de Troyes est désastreux pour la monarchie capétienne. Il est le résultat d’un affaiblissement de l’État royal que la guerre civile et, surtout, la victoire militaire décisive d’Henri V à Azincourt (25 octobre 1415) consacrent. Il ouvre pour le Dauphin Charles les pires heures de son gouvernement, et la diplomatie delphinale n’aura de cesse de vouloir défaire le lien anglo-bourguignon (2). Henri V marque ainsi sa volonté de réunir sur sa tête les deux couronnes d’Angleterre et de France : c’est la double monarchie qui aurait mis fin à la Guerre de Cent Ans en consacrant la victoire anglaise. Sa mort prématurée - qui pousse sur le devant de la scène un fils encore mineur (3) né de son union avec Catherine - ne permettra cependant pas la réalisation de ce projet politique.
Roi aussi cynique qu’intelligent, Henri V de Lancastre est considéré comme un véritable héros national en Angleterre (4). Paradoxalement, c’est avec ce souverain qui affirma le caractère protonational du Royaume d’Angleterre, que faillit se réaliser le projet de double monarchie avec le Royaume de France.
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Bibliographie