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Contre le « séparatisme islamiste »

"L’appel des 100 intellectuels contre le « séparatisme islamiste », in Le Figaro, 19 mars 2018

Article mis en ligne le 20 mars 2018
dernière modification le 14 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Nous sommes des citoyens d’opinions différentes et très souvent opposées qui se sont trouvés d’accord pour exprimer, en dehors de toute actualité, leur inquiétude face à la montée de l’islamisme. Ce ne sont pas nos affinités qui nous réunissent, mais le sentiment qu’un danger menace la liberté en général et pas seulement la liberté de penser. Ce qui nous réunit aujourd’hui est plus fondamental que ce qui ne manquera pas de nous séparer demain.

Le nouveau totalitarisme islamiste cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l’intolérance. On a pu observer cette stratégie lorsque le syndicat d’enseignants SUD Éducation 93 proposait il y a quelques semaines un stage de formation comportant des ateliers de réflexion sur le « racisme d’État » interdits aux « Blanc.he.s ». Certains animateurs étaient membres ou sympathisants du Collectif contre l’islamophobie en France et du Parti des indigènes de la République. Les exemples de ce genre se sont multipliés dernièrement. Nous avons ainsi appris que la meilleure façon de combattre le racisme serait de séparer les « races ». Si cette idée nous heurte, c’est que nous sommes républicains.

Nous entendons aussi dire que, puisque les religions sont bafouées en France par une laïcité « instrumentalisée », il faut donner à celle qui est minoritaire, c’est-à-dire à l’Islam, une place spéciale pour qu’elle cesse d’être humiliée. La même idée se poursuit : il paraît qu’en se couvrant d’un voile les femmes se protégeraient des hommes et que se mettre à part leur permettrait de s’affranchir.

Le point commun de ces proclamations est de penser que la seule façon de défendre les « dominés » (ce n’est pas notre vocabulaire mais celui de SUD Éducation 93), serait de les mettre à l’écart des autres et de leur accorder des privilèges.

Il n’y a pas longtemps, l’apartheid régnait en Afrique du Sud. Reposant sur la ségrégation des Noirs, il voulait se disculper en créant des bantoustans où une autonomie factice leur était concédée. Un tel système a heureusement disparu.

Et voici qu’aujourd’hui, c’est un apartheid d’un nouveau genre qui est proposé à la France, une ségrégation à l’envers grâce à laquelle les « dominés » préserveraient leur dignité en se mettant à l’abri des « dominants ».

Mais alors, cela veut dire qu’une femme qui ôte le voile et sort dans la rue deviendrait une proie normale ? Cela veut dire qu’une « race » qui côtoie les autres serait humiliée ? Cela veut dire qu’une religion qui accepte de n’être qu’une parmi d’autres perdrait la face ?

Et les Français musulmans, ou de culture musulmane sans être croyants, qui aiment la démocratie et veulent vivre avec tout le monde, l’islamisme a-t-il prévu de les mettre à part, eux aussi ? Et les femmes qui refusent d’être enfermées, qui décidera pour elles ? Et les autres, ceux qui ne méritent apparemment pas d’être protégés : sous clé dans le camp des « dominants » ?

Tout cela va à l’encontre de ce qui a été fait en France pour garantir la paix civile. Depuis longtemps, l’unité du pays a été fondée sur l’indifférence à l’égard des particularismes pouvant être cause de conflit. Ce qu’on appelle l’universalisme républicain ne consiste pas à nier les sexes, les races ou les religions, mais à définir l’espace civique indépendamment d’eux pour que personne n’en soit exclu. Et comment ne pas voir que la laïcité protège aussi les religions minoritaires ? La mettre en péril nous expose au retour des guerres de religion.

À quoi peut donc servir ce ségrégationnisme nouvelle manière ? Doit-il seulement permettre aux soi-disant « dominés » de sauvegarder leur pureté en vivant entre eux ? N’a-t-il pas surtout pour but d’affirmer la sécession avec la communauté nationale, ses lois et ses mœurs ? N’est-il pas l’expression de la haine la plus caractérisée à l’égard de notre pays et de la démocratie ?

Que chacun vive dans la loi de sa communauté ou de sa caste et dans le mépris de celle des autres, que chacun ne soit jugé que par les siens, cela est contraire à l’esprit de la République. Celle-ci a été fondée sur le refus de droits privés s’appliquant à des catégories spécifiques et exclusives, sur l’abolition des privilèges. Les mêmes lois pour chacun de nous, voilà ce que nous garantit au contraire la République. C’est ce qu’on appelle tout simplement la Justice.

Le nouveau séparatisme avance masqué. Il veut paraître bénin, mais il est en réalité l’arme de la conquête politique et culturelle de l’islamisme. L’islamisme veut être à part car il rejette les autres, y compris les musulmans qui ne partagent pas ses vues. L’islamisme déteste la souveraineté démocratique car elle lui refuse toute légitimité. L’islamisme se sent humilié lorsqu’il ne domine pas.

Il n’est pas question d’accepter cela. Nous voulons vivre dans un monde complet où les deux sexes se regardent sans se sentir insultés par la présence de l’autre. Nous voulons vivre dans un monde complet où les femmes ne sont pas jugées inférieures par nature. Nous voulons vivre dans un monde complet où les gens peuvent se côtoyer sans se craindre. Nous voulons vivre dans un monde complet où aucune religion ne fait la loi.

Les signataires

  1. Waleed al-Husseini, écrivain
  2. Arnaud d’Aunay, peintre
  3. Pierre Avril, universitaire
  4. Vida Azimi, juriste
  5. Isabelle Barbéris, universitaire
  6. Kenza Belliard, formatrice
  7. Georges Bensoussan, historien
  8. Corinne Berron, auteur
  9. Alain Besançon, historien
  10. Fatiha Boudjahlat, essayiste
  11. Michel Bouleau, juriste
  12. Rémi Brague, philosophe
  13. Philippe Braunstein, historien
  14. Stéphane Breton, cinéaste, ethnologue
  15. Claire Brière-Blanchet, reporter, essayiste
  16. Marie-Laure Brossier, élue municipale
  17. Pascal Bruckner, écrivain
  18. Eylem Can, scénariste
  19. Sylvie Catellin, sémiologue
  20. Gérard Chaliand, écrivain
  21. Patrice Champion, ancien conseiller ministériel
  22. Brice Couturier, journaliste
  23. Éric Delbecque, essayiste
  24. Chantal Delsol, philosophe
  25. Vincent Descombes, philosophe
  26. David Duquesne, infirmier libéral
  27. Luc Ferry, philosophe, ancien ministre
  28. Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain
  29. Patrice Franceschi, écrivain
  30. Renée Fregosi, philosophe
  31. Christian Frère, professeur
  32. Claudine Gamba-Gontard, professeur
  33. Jacques Gilbert, historien des idées
  34. Gilles-William Goldnadel, avocat
  35. Monique Gosselin-Noat, universitaire
  36. Gabriel Gras, biologiste
  37. Gaël Gratet, professeur
  38. Patrice Gueniffey, historien
  39. Alain Guéry, historien
  40. Éric Guichard, philosophe
  41. Claude Habib, écrivain, professeur
  42. Nathalie Heinich, sociologue
  43. Clarisse Herrenschmidt, linguiste
  44. Philippe d’Iribarne, sociologue
  45. Roland Jaccard, essayiste
  46. Jacques Jedwab, psychanalyste
  47. Catherine Kintzler, philosophe
  48. Bernard Kouchner, médecin, humanitaire, ancien ministre
  49. Bernard de La Villardière, journaliste
  50. Françoise Laborde, journaliste
  51. Alexandra Laignel-Lavastine, essayiste
  52. Dominique Lanza, psychologue clinicienne
  53. Philippe de Lara, philosophe
  54. Josepha Laroche, universitaire
  55. Alain Laurent, essayiste, éditeur
  56. Michel Le Bris, écrivain
  57. Jean-Pierre Le Goff, philosophe
  58. Damien Le Guay, philosophe
  59. Anne-Marie Le Pourhiet, juriste
  60. Barbara Lefebvre, enseignante
  61. Patrick Leroux-Hugon, physicien
  62. Élisabeth Lévy, journaliste
  63. Laurent Loty, historien des idées
  64. Mohamed Louizi, ingénieur, essayiste
  65. Jérôme Maucourant, économiste
  66. Jean-Michel Meurice, peintre, réalisateur
  67. Juliette Minces, sociologue
  68. Marc Nacht, psychanalyste, écrivain
  69. Morgan Navarro, dessinateur
  70. Pierre Nora, historien, éditeur
  71. Robert Pépin, traducteur
  72. Céline Pina, essayiste
  73. Yann Queffélec, écrivain
  74. Jean Queyrat, réalisateur
  75. Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques
  76. Robert Redeker, écrivain
  77. Pierre Rigoulot, historien
  78. Ivan Rioufol, journaliste
  79. Philippe San Marco, auteur, essayiste
  80. Boualem Sansal, écrivain
  81. Jean-Marie Schaeffer, philosophe
  82. Martine Segalen, ethnologue
  83. André Senik, enseignant
  84. Patrick Sommier, homme de théâtre
  85. Antoine Spire, vice-président de la Licra
  86. Wiktor Stoczkowski, anthropologue
  87. Véronique Tacquin, professeure, écrivain
  88. Pierre-André Taguieff, politologue
  89. Maxime Tandonnet, auteur
  90. Sylvain Tesson, écrivain
  91. Paul Thibaud, essayiste
  92. Bruno Tinel, économiste
  93. Michèle Tribalat, démographe
  94. Caroline Valentin, essayiste
  95. David Vallat, auteur
  96. Éric Vanzieleghem, documentaliste
  97. Jeannine Verdès-Leroux, historienne
  98. Emmanuel de Waresquiel, historien
  99. Ibn Warraq, écrivain
  100. Yves-Charles Zarka, philosophe
  101. Fawzia Zouari, écrivaine


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