Fauda - « chaos » en hébreu - est une série israélienne dont la première saison a été portée à l’écran par la chaîne Yes Stars en 2015. Une deuxième saison voit le jour en 2017, une troisième en 2019 et une quatrième en 2022. D’emblée, la série a rencontré un succès international. Réalisée par Avi ISSACHAROFF et Lior RAZ, elle raconte la vie et les actions d’une unité israélienne « undercover », c’est-à-dire une unité militaire spécialisée dans l’infiltration des milieux palestiniens. Ces femmes et ces hommes opèrent en civil, font du renseignement de terrain et pratiquent des actions coup de poing en mode furtif. Les réalisateurs sont, eux-mêmes, d’anciens militaires ayant servi dans ces unités dont le mot d’alerte en cas de compromission d’un membre est aussi le titre de la série.

Fauda est une série d’action et de suspense où les situations peuvent être violentes, mais on n’y trouvera pas de simplisme ni de manichéisme nonobstant l’action intentée par les ONG palestiniennes du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions [contre Israël] pour la faire interdire. Le cadre est celui de la bande de Gaza et de la Cisjordanie avec une échappée en Belgique - à Molenbeek - dans la quatrième saison. L’unité qui a eu à affronter le Hamas et l’État islamique précédemment (saison 3), combat le Hezbollah dans cette dernière saison. Une lutte meurtrière où pointe l’usure psychologique des différents personnages. Doron (alias Lior RAZ) semble rester le seul membre de l’unité à tenir dans les épreuves, et à en représenter l’ultime cohésion.

Des critiques pourront être formulées compte tenu de la complexité politique des relations israélo-palestiniennes, mais les Palestiniens y sont décrits avec humanité. Les protagonistes sont montrés tels qu’ils sont à savoir emprisonnés et emportés dans une logique conflictuelle qui désormais se reproduit de génération en génération. Vies de couples, de familles, liens amoureux et d’amitiés s’entrecroisent, tentent de survivre et se brisent. Les cas de conscience sont partout. Le scénario montre deux sociétés abimées par un trop long conflit que d’aucuns voudraient croire condamnées, un jour, à s’entendre.

L’unité 217 Douvdevan (cerise)

Sans jamais être nommée en tant que telle, l’unité undercover présentée dans la série Fauda est l’unité Douvdevan. Créée en 1986, elle s’est développée durant la première Intifada en se spécialisant dans l’infiltration anti-terroriste, l’identification et la neutralisation des meneurs du mouvement. Habillés comme de jeunes Palestiniens, parlant l’arabe, rompus aux techniques commando, les hommes de Douvdevan font partie de ces unités clandestines de l’armée israélienne appelées : « mista’arvim » (« ceux qui vivent au milieu des Arabes »).

Les mista’ariv de l’unité Douvdevan sont assez peu nombreux : un peu plus d’une centaine de soldats. Leur centre de formation se situe dans la colonie de Mishor Adumim où un village palestinien a été en partie reconstitué pour les entraîner. C’est ici qu’ils se perfectionnent dans l’apprentissage de l’arabe et de ses différents accents ; qu’ils apprennent à prier sans éveiller de soupçons comme à se fondre dans un environnement hostile.

Particulièrement redoutés par les Palestiniens, les mista’ariv savent aussi qu’ils n’auront que très peu de chance de survivre s’ils venaient à être découverts. Afin de les détecter, les Palestiniens ont ainsi pris l’habitude de rentrer leur t-shirt dans le pantalon afin de montrer clairement qu’ils ne cachent pas d’armes... Les mista’ariv ne sont donc déployés que quelques heures seulement, et sont normalement appuyés par d’autres unités militaires prêtes à les exfiltrer en cas d’urgence. Dans les situations les plus critiques, ils sont rapidement isolés et submergés par une foule hostile... Les drames surviennent pourtant comme en août 2000 où 3 soldats de l’unité Douvdevan sont abattus par d’autres soldats israéliens qui les avaient confondus avec des Palestiniens armés.

En décembre 2015, l’unité 217 Douvdevan a été versée dans la Brigade Oz (89^e) aux côtés de 3 autres unités : la 212 Maglan, la 621 Egoz et la 845 Rimon. L’ensemble forme une task force dédiée aux opérations spéciales et au contre-terrorisme. La 89^e brigade est renforcée à partir de 2017 par une autre unité entièrement armée par des réservistes : la Rapid Response Unit (RRU). La RRU n’a cependant pour vocation que d’intervenir sur le territoire israélien.