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La conférence de Wannsee (1942)
Article mis en ligne le 13 mai 2017
dernière modification le 3 novembre 2023

par Nghia NGUYEN

Le SS-Obergruppenführer Reinhard HEYDRICH (1904-1942)

 

Ghettoïsation et tuerie de masse : le meurtre inachevé jusqu’en 1942

À la fin de l’année 1941, le meurtre de masse est déjà en cours. Si la ghettoïsation des populations juives se réalise déjà dans une logique d’extermination lente, la férocité de l’action des Einsatzgruppen, dès l’été 1941, ne laisse plus aucun doute quant au dessein profond d’Adolf HITLER (1889-1945). Le caractère massif des tueries en Europe centrale et orientale, et les limites «  techniques  » que rencontrent les Einsatzgruppen, amènent cependant les dirigeants du IIIe Reich à concevoir autrement l’extermination des Juifs.

Initialement prévue au 9 décembre 1941, la conférence qui se tint à la Villa Marlier, dans le quartier de Wannsee (banlieue de Berlin), fut repoussée au 20 janvier 1942 du fait de l’entrée en guerre des États-Unis. En l’absence du Reichsführer SS Heinrich HIMMLER (1900-1945), elle réunit quinze hauts responsables nazis durant 90 minutes, et fut conduite par le second du Reichsführer : Reinhard HEYDRICH (1904-1942). HITLER a donné son aval à HEYDRICH, qui signe le procès-verbal de la réunion rédigé par le SS-Obersturmbannführer Adolf EICHMANN (1906-1962).

La conférence de Wannsee illustre combien l’idéologie criminelle du nazisme est indissociable d’une dimension bureaucratique et technologique, qui explique l’ampleur du massacre. Recensements, arrestations, transferts, déportations et élimination des Juifs sont désormais pensés à l’échelle européenne - voire au-delà -, et témoignent d’une véritable volonté génocidaire. Les pièces de la conférence montrent ainsi, que HEYDRICH évalue à 11 000 000 le nombre de Juifs qu’il faudrait éliminer, y compris dans des territoires qui, en 1942, sont hors d’atteinte et non occupés par la Werhmacht (Grande-Bretagne, Turquie…).

"La Solution finale de la question juive"

À Wannsee sont décidés de gigantesques mouvements de déportation des populations juives appelés « évacuations ». Ces déportations qui concerneront d’abord les territoires du Reich, s’étendront ensuite au Protectorat de Bohême-Moravie, au Gouvernement général de Pologne, puis au reste de l’Europe d’ouest en est. Parallèlement est décidée la construction rapide d’installations homicides à grande échelle (les camps d’extermination) en plus du camp de Chelmno : c’est l’Aktion Reinhard que devait conduire le SS-Gruppenführer Odilo GLOBOCNIK (1904-1945). En revanche, il n’est décidé aucune création d’organisme spécifique à la mise en application de la « Solution finale de la question juive », l’administration ordinaire devant suffire à commencer par la contribution des chemins de fer allemands : la Reichsbahn.

Désigner les Juifs, confisquer leurs biens, restreindre leur liberté de mouvement avant de les « évacuer » vers l’est, tel sera le processus dans toute l’Europe occupée. Pour cela, les dirigeants nazis comptent sur la collaboration des administrations nationales, et sur les infrastructures ferroviaires des pays concernés. Dans les pays d’Europe de l’ouest où il n’y a pas de ghettos, des recensements, des marquages de Juifs et des confiscations de biens seront réalisés par l’intermédiaire des autorités locales dès 1942. Le processus génocidaire a ainsi été incontestablement facilité, et accéléré par les collaborations nationales.

1942 est donc l’année des déportations massives dans toute l’Europe, qui vont donner au meurtre de masse une dimension désormais quasi industrielle. C’est au RSHA (1) - avec le Ministère des Transports allemand - que revient la responsabilité d’organiser les norias de ces trains dits « spéciaux » qui acheminèrent des millions de Juifs pour un aller sans retour vers les six camps d’extermination, tous situés dans le Gouvernement général (actuelle Pologne). Jusqu’en 1945, les « trains spéciaux » devaient garder la priorité sur les convois militaires, illustrant la rationalité de l’entreprise génocidaire au sein de l’irrationalité national-socialiste devant les priorités militaires.

La conférence de Wannsee : une interprétation historique encore en débat

L’importance historique de la conférence de Wannsee a échappé à ses acteurs du moment, comme en témoignent les absences de HITLER et de HIMMLER. En un peu moins de deux heures, elle n’a pas non plus planifié la Solution finale dans ses détails. Les historiens discutent, encore de nos jours, pour savoir si Wannsee fut le véritable tournant dans le processus génocidaire : la conférence fut-elle un instant de décision ou de simple organisation ? Il est vrai qu’en janvier 1942, le génocide a, de fait, largement débuté : des milliers de Juifs meurent quotidiennement dans les ghettos polonais (les plus importants), des milliers d’autres sont assassinés quasi quotidiennement en Russie par les unités mobiles de tuerie (Einsatzgruppen), et en décembre 1941 le camp d’extermination de Chelmno est déjà opérationnel. La conférence de Wannsee a surtout établi le contrôle de la SS sur la machine du crime, appuyant celui-ci sur l’ensemble de l’appareil d’Etat et des institutions.

  1. Le RSHA ou Reichssicherheitshauptamt ou « Office central de la sécurité du Reich » est une organisation née, le 22 septembre 1939, de la fusion du SD (Sicherheitsdienst), de la GESTAPO et de la Kriminalpolizei. Il fut créé par HIMMLER pour neutraliser les « ennemis du Reich » et les « indésirables ». Son premier chef fut HEYDRICH jusqu’à son assassinat en 1942, puis le SS-Obergruppenführer Ernst KALTENBRUNNER (1903-1946) jusqu’à la fin de la guerre. Le RSHA était organisé en sept départements, ou « Amten », auxquels s’ajoutaient les quatre Einsatzgruppen.

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Bibliographie

  • Christian GERLACH, Sur la conférence de Wannsee​, Éditions Liana Levi, 1999, 144 p.

La Villa Marlier où s’est tenue la conférence du 20 janvier 1942

 


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