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Chaque année, le RAID réalise une centaine d’interventions à haut risque

FAUVERGUE (Jean-Michel), « Chaque année, le RAID réalise une centaine d’interventions à haut risque », in Le Figaro, 14 octobre 2016.

Article mis en ligne le 5 avril 2017

par Le Figaro

Jean-Michel FAUVERGUE, ancien de la police aux frontières, est un tacticien hors pair et un policier de terrain très expérimenté. Le patron du RAID détaille les conditions d’opération et l’organisation de cette unité d’élite de la police nationale, à l’avant-garde de la lutte antiterroriste et de l’interpellation des suspects les plus dangereux.

**********

Le Figaro Magazine - Pourquoi le RAID a-t-il intégré des médecins ?

Jean-Michel FAUVERGUE - Dès 1995, le patron du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de l’époque (Louis Bayon, NDLR) a estimé que l’unité devait absolument être médicalisée. Le RAID intervenant sur des événements particulièrement sensibles et graves, les opérateurs devaient pouvoir bénéficier d’une couverture médicale dédiée. Au début, le recours à des infirmiers a été avancé. Mais très vite, le choix s’est porté sur des médecins urgentistes capables de prendre des décisions, d’intervenir sur l’ensemble du périmètre et de porter secours en cas de besoin aux opérateurs, mais aussi aux victimes éventuelles, aux agresseurs blessés et à l’ensemble de la population du secteur. Cette organisation initiale a perduré et s’est développée au fil du temps. Aujourd’hui, notre service médical central repose sur six médecins spécialisés. Recrutés sous contrat, ils consacrent 60% de leur temps à l’unité et 40% à la pratique hospitalière civile. C’est un cas unique. Au niveau mondial, le RAID a été un précurseur dans la médicalisation des interventions et fait actuellement partie des seules unités nationales avec le GIGN, utilisant ses propres médecins au plus près de la crise. Une approche qui permet de gérer un nombre élevé de victimes sous la menace, comme cela a été malheureusement le cas au Bataclan, le 13 novembre 2015, alors que la mission de police primait encore sur la mission de secours.

  • Comment le RAID est-il organisé ?

La police nationale, à l’instar de la gendarmerie nationale, dispose d’unités spécialisées d’intervention qui sont sollicitées pour chaque action de sécurité intérieure lorsque le niveau de menace est significativement élevé. Le RAID, composé de l’unité centrale de Bièvres, à laquelle s’ajoutent sept antennes à Lille, Lyon, Nice, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Rennes, bientôt rejointes avant la fin de l’année, par trois autres à Montpellier, Toulouse et Nancy, est l’unité de contre-terrorisme de la police nationale compétente sur l’ensemble du territoire en zone Police. La préfecture de police de Paris dispose pour sa part de la BRI-BAC (Brigade de recherche et d’intervention-Brigade anti-commando) compétente sur Paris intra-muros. Cette unité bénéficie du soutien sanitaire des médecins d’intervention de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Mais le RAID reste l’unique service de police nationale à bénéficier de médecins à demeure, intégrés aux groupes d’assaut, qui interagissent en soutien des opérateurs. Ils y ont une mission d’assistance immédiate, mais assurent également la gestion et l’évacuation de l’ensemble des blessés.

Très concrètement, quand le RAID intervient sous le feu, nous créons une zone rouge où nous sommes les seuls à pouvoir intervenir. Le fait de faire entrer les médecins dans cette zone d’exclusion nous permet de sécuriser la colonne d’assaut, de prendre en charge et de faire un tri éclairé parmi les victimes. Mais avant toute intervention médicale, les lieux doivent impérativement être dégagés de tout danger afin d’éviter de faire face à des « survictimes » et mettre en péril l’opération même. A chacune de ses interventions, le service médical du RAID analyse les faits, communique avec ses homologues de la BRI et du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, ainsi qu’avec les forces d’intervention étrangères afin de mettre en évidence des axes d’amélioration.

  • Les médecins du RAID suivent-ils le même entraînement que les opérateurs ?

Pour être recrutés, ils doivent bien entendu être en bonne forme physique, mais aussi intégrer les réflexes propres de la colonne d’assaut. Ils suivent donc certains entraînements et font intégralement partie de la vie du service. Les médecins doivent pouvoir être totalement autonomes, physiquement, psychologiquement et tactiquement, même s’ils ne sont là que pour soigner et n’ont aucune vocation à être des combattants. Leur rôle est aussi de rassurer les opérateurs qui doivent avoir confiance dans le médecin qui les accompagne. Le recrutement des « docs » se fait par appel à candidatures sous la tutelle de la direction générale de la police nationale. Ils doivent répondre à un cahier des charges spécifique et avoir un minimum d’expérience en soins d’urgence, comme en SAMU. Les profils peuvent être divers, parfois même atypiques. À cet égard, pour la première fois, le RAID vient de recruter depuis le 1er septembre une femme médecin et sportive de haut niveau.

  • Qui sont les hommes et les femmes du RAID ?

Le RAID est une équipe compacte ventilée entre sa centrale et ses antennes. Sa spécificité est de s’efforcer à percevoir les « crises » dans leur globalité. Ceux qui vont à l’assaut, officiers et opérateurs sont recrutés parmi les policiers ayant au minimum quatre ans de police tous services confondus. L’âge limite est de 40 ans. Dans le contexte de menace actuel, nous avons actuellement beaucoup de candidats. La première sélection s’effectue sur dossier, puis ils suivent pendant dix jours les nombreux tests individuels et collectifs propres à notre processus. Puis les épreuves physique, technique et psychologique s’enchaînent. À l’issue de ces programmes, ils sont admis ou non et suivent seize semaines de formation. Ensuite ils sont répartis dans les différents services et mis en observation pendant six mois. Au moindre doute, ils retournent dans leur unité d’origine. Une fois qu’ils sont recrutés, ils sont en poste pour quinze ans, avec des étapes de formation tous les cinq ans. Au total, le RAID est composé de 400 opérateurs de terrain dont la maturité, le discernement, l’adaptation et le savoir-faire en gestion de crise sont en perfectionnement permanent. Tous ont un vrai vécu.

  • Quelles sont vos principales interventions ?

On parle beaucoup de terrorisme, mais le RAID, c’est aussi entre 60 et 90 interventions annuelles très délicates sur des forcenés ou des preneurs d’otages souffrant souvent de problèmes d’ordre psychologique. Mais c’est également 400 opérations par an d’assistance aux collègues d’autres services de police (PJ, PAF, DGSI, SDAT…) pour des interpellations d’individus dangereux et en milieu clos. L’année dernière, 40 arrestations de terroristes ont été effectuées. Il faut aussi rajouter les missions de renfort de la protection présidentielle et gouvernementale, la présence sur des grands événements, la formation à l’étranger, l’extraction de prisonniers dangereux ainsi que le renforcement de la sécurisation d’ambassades françaises dans des pays sensibles, comme le Liban ou l’Afghanistan. Mais c’est également des affaires historiques comme la prise d’otages de Neuilly-sur-Seine, en 1993, où le RAID délivre 21 enfants et un adulte ; l’assaut mené contre le gang de Roubaix en 1996, mais aussi, plus récemment, l’affaire Mohammed Merah en 2012, la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ou l’intervention de Magnanville, en juin 2016, pour délivrer l’enfant pris en otage du couple de policiers assassinés par un terroriste se réclamant de l’Etat islamique.

  • Dès le lendemain du 13 novembre sont apparues certaines polémiques soulignant le délai qui a séparé la tuerie de l’intervention. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses sont d’une clarté cristalline : les différents services d’intervention, le GIGN, RAID ou BRI, coordonnent désormais de manière rapprochée leurs actions en cas d’attaque terroriste. Il y a eu des polémiques par le passé. Depuis près de trois ans, nous avons stabilisé les choses. Nous sommes avant tout interopérables. Avec le GIGN, par exemple, les rapports de chef à chef et de médecin à médecin sont excellents. Comme avec la BRI. La polémique ne nous intéresse pas. Seul le travail prime.

Cyril Hofstein

__________

  • Jean-Michel FAUVERGUE raconte aux journalistes de RTL l’assaut qu’il a mené le 18 novembre 2015 à Saint-Denis, qui a permis l’élimination du terroriste Abdelhamid ABAAOUD.

 

Interview de Jean-Michel FAUVERGUE (assaut de Saint-Denis)
Émission RTL Midi du 19 novembre 2015

Jean-Michel FAUVERGUE, ancien de la police aux frontières, est un tacticien hors pair et un policier de terrain très expérimenté. Le patron du RAID détaille les conditions d’opération et l’organisation de cette unité d’élite de la police nationale, à l’avant-garde de la lutte antiterroriste et de l’interpellation des suspects les plus dangereux.

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Le Figaro Magazine - Pourquoi le RAID a-t-il intégré des médecins ?

Jean-Michel FAUVERGUE - Dès 1995, le patron du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de l’époque (Louis Bayon, NDLR) a estimé que l’unité devait absolument être médicalisée. Le RAID intervenant sur des événements particulièrement sensibles et graves, les opérateurs devaient pouvoir bénéficier d’une couverture médicale dédiée. Au début, le recours à des infirmiers a été avancé. Mais très vite, le choix s’est porté sur des médecins urgentistes capables de prendre des décisions, d’intervenir sur l’ensemble du périmètre et de porter secours en cas de besoin aux opérateurs, mais aussi aux victimes éventuelles, aux agresseurs blessés et à l’ensemble de la population du secteur. Cette organisation initiale a perduré et s’est développée au fil du temps. Aujourd’hui, notre service médical central repose sur six médecins spécialisés. Recrutés sous contrat, ils consacrent 60% de leur temps à l’unité et 40% à la pratique hospitalière civile. C’est un cas unique. Au niveau mondial, le RAID a été un précurseur dans la médicalisation des interventions et fait actuellement partie des seules unités nationales avec le GIGN, utilisant ses propres médecins au plus près de la crise. Une approche qui permet de gérer un nombre élevé de victimes sous la menace, comme cela a été malheureusement le cas au Bataclan, le 13 novembre 2015, alors que la mission de police primait encore sur la mission de secours.

  • Comment le RAID est-il organisé ?

La police nationale, à l’instar de la gendarmerie nationale, dispose d’unités spécialisées d’intervention qui sont sollicitées pour chaque action de sécurité intérieure lorsque le niveau de menace est significativement élevé. Le RAID, composé de l’unité centrale de Bièvres, à laquelle s’ajoutent sept antennes à Lille, Lyon, Nice, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Rennes, bientôt rejointes avant la fin de l’année, par trois autres à Montpellier, Toulouse et Nancy, est l’unité de contre-terrorisme de la police nationale compétente sur l’ensemble du territoire en zone Police. La préfecture de police de Paris dispose pour sa part de la BRI-BAC (Brigade de recherche et d’intervention-Brigade anti-commando) compétente sur Paris intra-muros. Cette unité bénéficie du soutien sanitaire des médecins d’intervention de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Mais le RAID reste l’unique service de police nationale à bénéficier de médecins à demeure, intégrés aux groupes d’assaut, qui interagissent en soutien des opérateurs. Ils y ont une mission d’assistance immédiate, mais assurent également la gestion et l’évacuation de l’ensemble des blessés.

Très concrètement, quand le RAID intervient sous le feu, nous créons une zone rouge où nous sommes les seuls à pouvoir intervenir. Le fait de faire entrer les médecins dans cette zone d’exclusion nous permet de sécuriser la colonne d’assaut, de prendre en charge et de faire un tri éclairé parmi les victimes. Mais avant toute intervention médicale, les lieux doivent impérativement être dégagés de tout danger afin d’éviter de faire face à des « survictimes » et mettre en péril l’opération même. A chacune de ses interventions, le service médical du RAID analyse les faits, communique avec ses homologues de la BRI et du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, ainsi qu’avec les forces d’intervention étrangères afin de mettre en évidence des axes d’amélioration.

  • Les médecins du RAID suivent-ils le même entraînement que les opérateurs ?

Pour être recrutés, ils doivent bien entendu être en bonne forme physique, mais aussi intégrer les réflexes propres de la colonne d’assaut. Ils suivent donc certains entraînements et font intégralement partie de la vie du service. Les médecins doivent pouvoir être totalement autonomes, physiquement, psychologiquement et tactiquement, même s’ils ne sont là que pour soigner et n’ont aucune vocation à être des combattants. Leur rôle est aussi de rassurer les opérateurs qui doivent avoir confiance dans le médecin qui les accompagne. Le recrutement des « docs » se fait par appel à candidatures sous la tutelle de la direction générale de la police nationale. Ils doivent répondre à un cahier des charges spécifique et avoir un minimum d’expérience en soins d’urgence, comme en SAMU. Les profils peuvent être divers, parfois même atypiques. À cet égard, pour la première fois, le RAID vient de recruter depuis le 1er septembre une femme médecin et sportive de haut niveau.

  • Qui sont les hommes et les femmes du RAID ?

Le RAID est une équipe compacte ventilée entre sa centrale et ses antennes. Sa spécificité est de s’efforcer à percevoir les « crises » dans leur globalité. Ceux qui vont à l’assaut, officiers et opérateurs sont recrutés parmi les policiers ayant au minimum quatre ans de police tous services confondus. L’âge limite est de 40 ans. Dans le contexte de menace actuel, nous avons actuellement beaucoup de candidats. La première sélection s’effectue sur dossier, puis ils suivent pendant dix jours les nombreux tests individuels et collectifs propres à notre processus. Puis les épreuves physique, technique et psychologique s’enchaînent. À l’issue de ces programmes, ils sont admis ou non et suivent seize semaines de formation. Ensuite ils sont répartis dans les différents services et mis en observation pendant six mois. Au moindre doute, ils retournent dans leur unité d’origine. Une fois qu’ils sont recrutés, ils sont en poste pour quinze ans, avec des étapes de formation tous les cinq ans. Au total, le RAID est composé de 400 opérateurs de terrain dont la maturité, le discernement, l’adaptation et le savoir-faire en gestion de crise sont en perfectionnement permanent. Tous ont un vrai vécu.

  • Quelles sont vos principales interventions ?

On parle beaucoup de terrorisme, mais le RAID, c’est aussi entre 60 et 90 interventions annuelles très délicates sur des forcenés ou des preneurs d’otages souffrant souvent de problèmes d’ordre psychologique. Mais c’est également 400 opérations par an d’assistance aux collègues d’autres services de police (PJ, PAF, DGSI, SDAT…) pour des interpellations d’individus dangereux et en milieu clos. L’année dernière, 40 arrestations de terroristes ont été effectuées. Il faut aussi rajouter les missions de renfort de la protection présidentielle et gouvernementale, la présence sur des grands événements, la formation à l’étranger, l’extraction de prisonniers dangereux ainsi que le renforcement de la sécurisation d’ambassades françaises dans des pays sensibles, comme le Liban ou l’Afghanistan. Mais c’est également des affaires historiques comme la prise d’otages de Neuilly-sur-Seine, en 1993, où le RAID délivre 21 enfants et un adulte ; l’assaut mené contre le gang de Roubaix en 1996, mais aussi, plus récemment, l’affaire Mohammed Merah en 2012, la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ou l’intervention de Magnanville, en juin 2016, pour délivrer l’enfant pris en otage du couple de policiers assassinés par un terroriste se réclamant de l’Etat islamique.

  • Dès le lendemain du 13 novembre sont apparues certaines polémiques soulignant le délai qui a séparé la tuerie de l’intervention. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses sont d’une clarté cristalline : les différents services d’intervention, le GIGN, RAID ou BRI, coordonnent désormais de manière rapprochée leurs actions en cas d’attaque terroriste. Il y a eu des polémiques par le passé. Depuis près de trois ans, nous avons stabilisé les choses. Nous sommes avant tout interopérables. Avec le GIGN, par exemple, les rapports de chef à chef et de médecin à médecin sont excellents. Comme avec la BRI. La polémique ne nous intéresse pas. Seul le travail prime.

Cyril Hofstein

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Interview de Jean-Michel FAUVERGUE (assaut de Saint-Denis)
Émission RTL Midi du 19 novembre 2015

Jean-Michel FAUVERGUE, ancien de la police aux frontières, est un tacticien hors pair et un policier de terrain très expérimenté. Le patron du RAID détaille les conditions d’opération et l’organisation de cette unité d’élite de la police nationale, à l’avant-garde de la lutte antiterroriste et de l’interpellation des suspects les plus dangereux.

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Le Figaro Magazine - Pourquoi le RAID a-t-il intégré des médecins ?

Jean-Michel FAUVERGUE - Dès 1995, le patron du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de l’époque (Louis Bayon, NDLR) a estimé que l’unité devait absolument être médicalisée. Le RAID intervenant sur des événements particulièrement sensibles et graves, les opérateurs devaient pouvoir bénéficier d’une couverture médicale dédiée. Au début, le recours à des infirmiers a été avancé. Mais très vite, le choix s’est porté sur des médecins urgentistes capables de prendre des décisions, d’intervenir sur l’ensemble du périmètre et de porter secours en cas de besoin aux opérateurs, mais aussi aux victimes éventuelles, aux agresseurs blessés et à l’ensemble de la population du secteur. Cette organisation initiale a perduré et s’est développée au fil du temps. Aujourd’hui, notre service médical central repose sur six médecins spécialisés. Recrutés sous contrat, ils consacrent 60% de leur temps à l’unité et 40% à la pratique hospitalière civile. C’est un cas unique. Au niveau mondial, le RAID a été un précurseur dans la médicalisation des interventions et fait actuellement partie des seules unités nationales avec le GIGN, utilisant ses propres médecins au plus près de la crise. Une approche qui permet de gérer un nombre élevé de victimes sous la menace, comme cela a été malheureusement le cas au Bataclan, le 13 novembre 2015, alors que la mission de police primait encore sur la mission de secours.

  • Comment le RAID est-il organisé ?

La police nationale, à l’instar de la gendarmerie nationale, dispose d’unités spécialisées d’intervention qui sont sollicitées pour chaque action de sécurité intérieure lorsque le niveau de menace est significativement élevé. Le RAID, composé de l’unité centrale de Bièvres, à laquelle s’ajoutent sept antennes à Lille, Lyon, Nice, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Rennes, bientôt rejointes avant la fin de l’année, par trois autres à Montpellier, Toulouse et Nancy, est l’unité de contre-terrorisme de la police nationale compétente sur l’ensemble du territoire en zone Police. La préfecture de police de Paris dispose pour sa part de la BRI-BAC (Brigade de recherche et d’intervention-Brigade anti-commando) compétente sur Paris intra-muros. Cette unité bénéficie du soutien sanitaire des médecins d’intervention de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Mais le RAID reste l’unique service de police nationale à bénéficier de médecins à demeure, intégrés aux groupes d’assaut, qui interagissent en soutien des opérateurs. Ils y ont une mission d’assistance immédiate, mais assurent également la gestion et l’évacuation de l’ensemble des blessés.

Très concrètement, quand le RAID intervient sous le feu, nous créons une zone rouge où nous sommes les seuls à pouvoir intervenir. Le fait de faire entrer les médecins dans cette zone d’exclusion nous permet de sécuriser la colonne d’assaut, de prendre en charge et de faire un tri éclairé parmi les victimes. Mais avant toute intervention médicale, les lieux doivent impérativement être dégagés de tout danger afin d’éviter de faire face à des « survictimes » et mettre en péril l’opération même. A chacune de ses interventions, le service médical du RAID analyse les faits, communique avec ses homologues de la BRI et du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, ainsi qu’avec les forces d’intervention étrangères afin de mettre en évidence des axes d’amélioration.

  • Les médecins du RAID suivent-ils le même entraînement que les opérateurs ?

Pour être recrutés, ils doivent bien entendu être en bonne forme physique, mais aussi intégrer les réflexes propres de la colonne d’assaut. Ils suivent donc certains entraînements et font intégralement partie de la vie du service. Les médecins doivent pouvoir être totalement autonomes, physiquement, psychologiquement et tactiquement, même s’ils ne sont là que pour soigner et n’ont aucune vocation à être des combattants. Leur rôle est aussi de rassurer les opérateurs qui doivent avoir confiance dans le médecin qui les accompagne. Le recrutement des « docs » se fait par appel à candidatures sous la tutelle de la direction générale de la police nationale. Ils doivent répondre à un cahier des charges spécifique et avoir un minimum d’expérience en soins d’urgence, comme en SAMU. Les profils peuvent être divers, parfois même atypiques. À cet égard, pour la première fois, le RAID vient de recruter depuis le 1er septembre une femme médecin et sportive de haut niveau.

  • Qui sont les hommes et les femmes du RAID ?

Le RAID est une équipe compacte ventilée entre sa centrale et ses antennes. Sa spécificité est de s’efforcer à percevoir les « crises » dans leur globalité. Ceux qui vont à l’assaut, officiers et opérateurs sont recrutés parmi les policiers ayant au minimum quatre ans de police tous services confondus. L’âge limite est de 40 ans. Dans le contexte de menace actuel, nous avons actuellement beaucoup de candidats. La première sélection s’effectue sur dossier, puis ils suivent pendant dix jours les nombreux tests individuels et collectifs propres à notre processus. Puis les épreuves physique, technique et psychologique s’enchaînent. À l’issue de ces programmes, ils sont admis ou non et suivent seize semaines de formation. Ensuite ils sont répartis dans les différents services et mis en observation pendant six mois. Au moindre doute, ils retournent dans leur unité d’origine. Une fois qu’ils sont recrutés, ils sont en poste pour quinze ans, avec des étapes de formation tous les cinq ans. Au total, le RAID est composé de 400 opérateurs de terrain dont la maturité, le discernement, l’adaptation et le savoir-faire en gestion de crise sont en perfectionnement permanent. Tous ont un vrai vécu.

  • Quelles sont vos principales interventions ?

On parle beaucoup de terrorisme, mais le RAID, c’est aussi entre 60 et 90 interventions annuelles très délicates sur des forcenés ou des preneurs d’otages souffrant souvent de problèmes d’ordre psychologique. Mais c’est également 400 opérations par an d’assistance aux collègues d’autres services de police (PJ, PAF, DGSI, SDAT…) pour des interpellations d’individus dangereux et en milieu clos. L’année dernière, 40 arrestations de terroristes ont été effectuées. Il faut aussi rajouter les missions de renfort de la protection présidentielle et gouvernementale, la présence sur des grands événements, la formation à l’étranger, l’extraction de prisonniers dangereux ainsi que le renforcement de la sécurisation d’ambassades françaises dans des pays sensibles, comme le Liban ou l’Afghanistan. Mais c’est également des affaires historiques comme la prise d’otages de Neuilly-sur-Seine, en 1993, où le RAID délivre 21 enfants et un adulte ; l’assaut mené contre le gang de Roubaix en 1996, mais aussi, plus récemment, l’affaire Mohammed Merah en 2012, la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ou l’intervention de Magnanville, en juin 2016, pour délivrer l’enfant pris en otage du couple de policiers assassinés par un terroriste se réclamant de l’Etat islamique.

  • Dès le lendemain du 13 novembre sont apparues certaines polémiques soulignant le délai qui a séparé la tuerie de l’intervention. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses sont d’une clarté cristalline : les différents services d’intervention, le GIGN, RAID ou BRI, coordonnent désormais de manière rapprochée leurs actions en cas d’attaque terroriste. Il y a eu des polémiques par le passé. Depuis près de trois ans, nous avons stabilisé les choses. Nous sommes avant tout interopérables. Avec le GIGN, par exemple, les rapports de chef à chef et de médecin à médecin sont excellents. Comme avec la BRI. La polémique ne nous intéresse pas. Seul le travail prime.

Cyril Hofstein

 

 

Interview de Jean-Michel FAUVERGUE (assaut de Saint-Denis)
Émission RTL Midi du 19 novembre 2015

Jean-Michel FAUVERGUE, ancien de la police aux frontières, est un tacticien hors pair et un policier de terrain très expérimenté. Le patron du RAID détaille les conditions d’opération et l’organisation de cette unité d’élite de la police nationale, à l’avant-garde de la lutte antiterroriste et de l’interpellation des suspects les plus dangereux.

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Le Figaro Magazine - Pourquoi le RAID a-t-il intégré des médecins ?

Jean-Michel FAUVERGUE - Dès 1995, le patron du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) de l’époque (Louis Bayon, NDLR) a estimé que l’unité devait absolument être médicalisée. Le RAID intervenant sur des événements particulièrement sensibles et graves, les opérateurs devaient pouvoir bénéficier d’une couverture médicale dédiée. Au début, le recours à des infirmiers a été avancé. Mais très vite, le choix s’est porté sur des médecins urgentistes capables de prendre des décisions, d’intervenir sur l’ensemble du périmètre et de porter secours en cas de besoin aux opérateurs, mais aussi aux victimes éventuelles, aux agresseurs blessés et à l’ensemble de la population du secteur. Cette organisation initiale a perduré et s’est développée au fil du temps. Aujourd’hui, notre service médical central repose sur six médecins spécialisés. Recrutés sous contrat, ils consacrent 60% de leur temps à l’unité et 40% à la pratique hospitalière civile. C’est un cas unique. Au niveau mondial, le RAID a été un précurseur dans la médicalisation des interventions et fait actuellement partie des seules unités nationales avec le GIGN, utilisant ses propres médecins au plus près de la crise. Une approche qui permet de gérer un nombre élevé de victimes sous la menace, comme cela a été malheureusement le cas au Bataclan, le 13 novembre 2015, alors que la mission de police primait encore sur la mission de secours.

  • Comment le RAID est-il organisé ?

La police nationale, à l’instar de la gendarmerie nationale, dispose d’unités spécialisées d’intervention qui sont sollicitées pour chaque action de sécurité intérieure lorsque le niveau de menace est significativement élevé. Le RAID, composé de l’unité centrale de Bièvres, à laquelle s’ajoutent sept antennes à Lille, Lyon, Nice, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Rennes, bientôt rejointes avant la fin de l’année, par trois autres à Montpellier, Toulouse et Nancy, est l’unité de contre-terrorisme de la police nationale compétente sur l’ensemble du territoire en zone Police. La préfecture de police de Paris dispose pour sa part de la BRI-BAC (Brigade de recherche et d’intervention-Brigade anti-commando) compétente sur Paris intra-muros. Cette unité bénéficie du soutien sanitaire des médecins d’intervention de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Mais le RAID reste l’unique service de police nationale à bénéficier de médecins à demeure, intégrés aux groupes d’assaut, qui interagissent en soutien des opérateurs. Ils y ont une mission d’assistance immédiate, mais assurent également la gestion et l’évacuation de l’ensemble des blessés.

Très concrètement, quand le RAID intervient sous le feu, nous créons une zone rouge où nous sommes les seuls à pouvoir intervenir. Le fait de faire entrer les médecins dans cette zone d’exclusion nous permet de sécuriser la colonne d’assaut, de prendre en charge et de faire un tri éclairé parmi les victimes. Mais avant toute intervention médicale, les lieux doivent impérativement être dégagés de tout danger afin d’éviter de faire face à des « survictimes » et mettre en péril l’opération même. A chacune de ses interventions, le service médical du RAID analyse les faits, communique avec ses homologues de la BRI et du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, ainsi qu’avec les forces d’intervention étrangères afin de mettre en évidence des axes d’amélioration.

  • Les médecins du RAID suivent-ils le même entraînement que les opérateurs ?

Pour être recrutés, ils doivent bien entendu être en bonne forme physique, mais aussi intégrer les réflexes propres de la colonne d’assaut. Ils suivent donc certains entraînements et font intégralement partie de la vie du service. Les médecins doivent pouvoir être totalement autonomes, physiquement, psychologiquement et tactiquement, même s’ils ne sont là que pour soigner et n’ont aucune vocation à être des combattants. Leur rôle est aussi de rassurer les opérateurs qui doivent avoir confiance dans le médecin qui les accompagne. Le recrutement des « docs » se fait par appel à candidatures sous la tutelle de la direction générale de la police nationale. Ils doivent répondre à un cahier des charges spécifique et avoir un minimum d’expérience en soins d’urgence, comme en SAMU. Les profils peuvent être divers, parfois même atypiques. À cet égard, pour la première fois, le RAID vient de recruter depuis le 1er septembre une femme médecin et sportive de haut niveau.

  • Qui sont les hommes et les femmes du RAID ?

Le RAID est une équipe compacte ventilée entre sa centrale et ses antennes. Sa spécificité est de s’efforcer à percevoir les « crises » dans leur globalité. Ceux qui vont à l’assaut, officiers et opérateurs sont recrutés parmi les policiers ayant au minimum quatre ans de police tous services confondus. L’âge limite est de 40 ans. Dans le contexte de menace actuel, nous avons actuellement beaucoup de candidats. La première sélection s’effectue sur dossier, puis ils suivent pendant dix jours les nombreux tests individuels et collectifs propres à notre processus. Puis les épreuves physique, technique et psychologique s’enchaînent. À l’issue de ces programmes, ils sont admis ou non et suivent seize semaines de formation. Ensuite ils sont répartis dans les différents services et mis en observation pendant six mois. Au moindre doute, ils retournent dans leur unité d’origine. Une fois qu’ils sont recrutés, ils sont en poste pour quinze ans, avec des étapes de formation tous les cinq ans. Au total, le RAID est composé de 400 opérateurs de terrain dont la maturité, le discernement, l’adaptation et le savoir-faire en gestion de crise sont en perfectionnement permanent. Tous ont un vrai vécu.

  • Quelles sont vos principales interventions ?

On parle beaucoup de terrorisme, mais le RAID, c’est aussi entre 60 et 90 interventions annuelles très délicates sur des forcenés ou des preneurs d’otages souffrant souvent de problèmes d’ordre psychologique. Mais c’est également 400 opérations par an d’assistance aux collègues d’autres services de police (PJ, PAF, DGSI, SDAT…) pour des interpellations d’individus dangereux et en milieu clos. L’année dernière, 40 arrestations de terroristes ont été effectuées. Il faut aussi rajouter les missions de renfort de la protection présidentielle et gouvernementale, la présence sur des grands événements, la formation à l’étranger, l’extraction de prisonniers dangereux ainsi que le renforcement de la sécurisation d’ambassades françaises dans des pays sensibles, comme le Liban ou l’Afghanistan. Mais c’est également des affaires historiques comme la prise d’otages de Neuilly-sur-Seine, en 1993, où le RAID délivre 21 enfants et un adulte ; l’assaut mené contre le gang de Roubaix en 1996, mais aussi, plus récemment, l’affaire Mohammed Merah en 2012, la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes ou l’intervention de Magnanville, en juin 2016, pour délivrer l’enfant pris en otage du couple de policiers assassinés par un terroriste se réclamant de l’Etat islamique.

  • Dès le lendemain du 13 novembre sont apparues certaines polémiques soulignant le délai qui a séparé la tuerie de l’intervention. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses sont d’une clarté cristalline : les différents services d’intervention, le GIGN, RAID ou BRI, coordonnent désormais de manière rapprochée leurs actions en cas d’attaque terroriste. Il y a eu des polémiques par le passé. Depuis près de trois ans, nous avons stabilisé les choses. Nous sommes avant tout interopérables. Avec le GIGN, par exemple, les rapports de chef à chef et de médecin à médecin sont excellents. Comme avec la BRI. La polémique ne nous intéresse pas. Seul le travail prime.

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