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Guerre cognitive

Présentation de la guerre cognitive. Ressources bibliographiques, sitographiques, des acteurs et des vecteurs.

Article mis en ligne le 7 juillet 2023
dernière modification le 28 mars 2024

par Nghia NGUYEN

Se distinguant de l’affectivité, la cognition désigne l’ensemble des processus mentaux qui se rapportent à la connaissance : son acquisition, son apprentissage, sa compréhension, son appropriation, sa mémorisation, son expression... La notion nous vient du mot latin cognitio (action d’apprendre, connaître par l’intelligence, faire la connaissance de, mais aussi conception, notion), et c’est la psychologie qui l’introduit en tant qu’objet d’étude à partir des années 1950.

La guerre cognitive vise à neutraliser ou à détruire l’ennemi de l’intérieur. Comment ? En faisant du cerveau un champ de conflictualité où l’objectif est désormais d’investir l’intelligence et la manière de penser de l’ennemi ; d’agir sur son mode de pensée afin de l’altérer, de l’affaiblir voire le neutraliser ou le détruire. Cet objectif s’articule autour d’un volet offensif et d’un volet défensif aux échelles stratégique et tactique.

La guerre cognitive est stratégique en ciblant un groupe ou une société sur les moyen et long termes. Bien avant qu’un conflit n’éclate au sens militaire du terme - voire sans qu’il n’éclate -, luttes d’influence, neutralisation de la capacité critique des individus et des groupes, déconstruction des valeurs sociales et sociétales, diffusion d’un relativisme et d’un indifférentisme propre à créer le doute, l’inaction et la perte de confiance, doivent déjà contribuer à la déliquescence de la résilience nationale. Ce qui est recherché c’est la désagrégation des forces intellectuelles, spirituelles et morales sans lesquelles il ne peut y avoir de volonté ni de capacité de résistance. Atteindre et annihiler l’Esprit de défense d’une société est l’objectif majeur de la guerre cognitive.

D’un point de vue tactique, la guerre cognitive va désigner toutes les opérations permettant l’inhibition, l’affaiblissement du jugement et l’altération de la perception de l’information par l’ennemi à l’échelle du champ de bataille cette fois. Avec la diffusion de vérités alternatives, d’infox (ou fake news) et l’utilisation de technologies permettant le deepfake (hypertrucage), il s’agira de biaiser ou de fausser les analyses du commandement adverse, de parasiter ses chaînes de décision, de tromper les troupes et les populations.

La guerre cognitive va donc bien au-delà de la propagande traditionnelle qui ne cherchait qu’à contrôler les médias et les flux d’informations. Infiniment plus complexe, elle s’appuie sur les ruptures technologiques rendues possibles par les sciences émergentes appelées NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Intelligence Artificielle, Cognitivisme) ; ces dernières ne concevant pas uniquement des objets technologiques mais permettant aussi l’émergence d’une philosophie de rupture : le transhumanisme. Plus concrètement, la guerre cognitive s’appuie sur les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) dans des domaines aussi différents que la cyberguerre, la sociologie, l’ingénierie sociale, les opérations psychologiques et les stratégies d’influence. Partant, elle trace le périmètre d’un nouveau champ de conflictualité à part entière.

Concept venu des Etats-Unis – pays où sont nés l’INTERNET et les réseaux sociaux -, la guerre cognitive (cognitive warfare) commence à être étudiée par le MINARM, notamment avec le projet MYRIADE (mis en place en novembre 2021) dont la mission est d’identifier les modes et les menaces en la matière. Au même titre que la cyberguerre, la guerre cognitive est désormais introduite dans les exercices militaires sous un volet dit « guerre informationnelle ». La guerre informationnelle ne doit cependant pas être confondue avec la guerre cognitive dont elle fait partie tout en s’en distinguant. Faisant de l’information une arme, la guerre informationnelle vise surtout à dégrader, altérer, neutraliser les capacités d’analyses et de décision de l’ennemi. La guerre cognitive va plus loin dans la mesure où elle s’attaque à la manière de penser et aux modèles culturels. Alors que la première cible les organisations et les systèmes, la seconde s’en prend aux sociétés humaines dans leur profondeur anthropologique.

 

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RESSOURCES

 

Généralités

  1. BRONNER (Gérald), Apocalypse cognitive, PUF, 2021, 396 p.
  2. CHAUVANCY (Raphael), Les nouveaux visages de la guerre. Comment la France doit se préparer aux conflits de demain, VA Éditions, 2021, 198 p.
  3. HARBULOT (Christian) et LUCAS (Didier) dir. La guerre cognitive. L’arme de la connaissance, Lavauzelle, Paris, 2005, 256 p.
  4. MHALLA (Asma), Technopolitique. Comment la technologie fait de nous des soldats, Seuil, 2024, 288 p.
  5. Red Team, Ces guerres qui nous attendent (2030-2060), Harper Collins, 2023, 192 p.
  6. Red Team, Ces guerres qui nous attendent (2030-2060) saison 2, Éditions des Équateurs, 2023, 204 p.

Cyberguerre/Cyberdéfense (cf. Lexique de la cyberdéfense et bibliographie "Sûreté intérieure et sécurité civile")

  1. BOYER (Bertrand), Guérilla 2.0. Guerres irrégulières dans le cyberespace, Paris, Éditions de l’École de Guerre, 2020, 353 p.
  2. COUSTILLIÈRE (Arnaud), Soldat de la cyberguerre. Un pionnier raconte la cyberdéfense française, Paris, Tallandier, 2024, 280 p.
  3. GENTY-BOUDRY (Yannick), "Cyberguerre : du hacking à la guerre cognitive", in DSI, HS 68 "Chine : quelle puissance militaire ?", octobre-novembre 2019.
  4. inCyber [en ligne]. RAFFRAY (Meriadec), « Cyber influence warfare » : the french armed forces unveiled their new doctrine », november 2, 2021. Disponible sur https://incyber.org/en/cyber-influence-warfare-the-french-armed-forces-unveiled-their-new-doctrine/ [consulté le 6 juillet 2023].
  5. KARATZOGIANNI (Athina), Cyber conflicts and global politics, Routledge, 2009, 262 p.

Idéologies (cf. Bibliographie « Idéologies de la déconstruction »)

  1. BASTIÉ (Eugénie), La guerre des idées, Robert Laffont, 2021, 312 p.
  2. HOARE (George) et SPERBER (Nathan), Introduction à Antonio Gramsci, Éditions La Découverte, 2019, 128 p.
  3. STRITTMATTER (Kai), Dictature 2.0. Quand la Chine surveille son peuple (et demain le monde), Tallandier, 2021, 464 p.

Influence

  1. CHARILLON (Frédéric), Guerres d’influence. Les États à la conquête des esprits, Éditions Odile Jacob, 2022, 352 p.
  2. La Revue d’Histoire Militaire [en ligne]. « L’attaque des cerveaux : qu’est-ce que la guerre cognitive », 3 novembre 2022. Disponible sur https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/11/03/lattaque-des-cerveaux-quest-ce-que-la-guerre-cognitive/ [consulté le 2 juillet 2023].
  3. MINARM [en ligne]. EMA, « Les armées se dotent d’une doctrine de lutte informatique d’influence (L2I) », 22 octobre 2021. Disponible sur https://www.defense.gouv.fr/ema/actualites/armees-se-dotent-dune-doctrine-militaire-lutte-informatique-dinfluence-l2i [consulté le 12 juillet 2023].
  4. MOÏSI (Dominique), La géopolitique de l’émotion. Comment les cultures de peur, d’humiliation et d’espoir façonnent le monde, Flammarion, 2015, 276 p.
  5. NATO Review [en ligne]. Johns Hopkins University & Imperial College London, « L’OTAN et la biologie cognitive : questions et perspectives », 26 février 2021. Disponible sur https://www.nato.int/docu/review/fr/articles/2021/02/26/lotan-et-la-biotechnologie-cognitive-questions-et-perspectives/index.html [consulté le 2 juillet 2023].
  6. NATO Review [en ligne]. Johns Hopkins University & Imperial College London, « Sensibilisation et résilience, les meilleures armes contre la guerre cognitive », 20 mai 2021. Disponible sur https://www.nato.int/docu/review/fr/articles/2021/05/20/sensibilisation-et-resilience-les-meilleures-armes-contre-la-guerre-cognitive/index.html [consulté le 2 juillet 2023].
  7. PENVEN (Alain), L’ingénierie sociale. Expertise collective et transformation sociale, Erès, 2013, 195 p.
  8. RACOUCHOT (Bernard), « De la manipulation des opinions publiques à la négation du réel, la fin de l’ère Bernays : le décryptage de Yann Caspar », in Communication & Influence, 145, juin 2023, 6 p.
  9. RODIER-CORMIER (Béatrice), Aux origines de la communication de Défense, Les Éditions des Riaux, 2002, 188 p.
  10. WYLIE (Christopher), Mindfuck. Le complot Cambridge analytica pour s’emparer de nos cerveaux, Grasset, 2020, 400 p.

Information

  1. CHARON (Jean-Marie), Les journalistes et leur public : le grand malentendu, Vuibert, 2007, 246 p.
  2. DE GLIAME (Brice) et LASSALLE (Bruno), « Sensibiliser et armer les citoyens face à la guerre cognitive », in Revue Défense Nationale, 848, 2022/3, pp. 88-93.
  3. GAGLIANO (Giuseppe), Désinformation, désobéissance civile et guerre cognitive, VA Éditions, 2017, 110 p.
  4. La Revue d’Histoire Militaire [en ligne], « L’information à l’épreuve de l’invasion russe de l’Ukraine », 5 juillet 2023. Disponible sur https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/07/05/linformation-a-lepreuve-de-linvasion-russe-de-lukraine/ [consulté le 5 juillet 2023].
  5. MARANGÉ (Céline) et QUESSARD (Maud), Les guerres de l’information à l’ère numérique, PUF, 2021, 456 p.
  6. MUHLMANN (Géraldine), Pour les faits, Les Belles Lettres, 2023, 60 p.
  7. MUHLMANN (Géraldine), Une histoire politique du journalisme. XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 2007, 512 p.

Sciences/Technologies

  1. La Documentation française, "Les GAFAM. Une histoire américaine", Questions internationales, 2021, 128 p.
  2. MASSARON (Luca) et MUELLER (John-Paul), L’Intelligence artificielle pour les nuls, First interactive, 2e éd. 2022, 420 p.
  3. PINARD-LEGRIS (Olivier), « Neurosciences et sciences cognitives : comment se préparer à la guerre des cerveaux ? », in Revue Défense Nationale, Hors-série 3, 2022, pp. 58-76.

Sites

  1. Cyber Security Review - Un site britanique de veille en cybersécurité.
  2. Intelligence artificielle et transhumanisme - Un site de veille et d’actualité sur le transhumanisme.
  3. Le Rubicon - Plateforme francophone d’analyse des questions de géopolitique, de sécurité et de défense avec un intérêt particulier pour les dimensions cyber, hybride et informationnelle.

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ACTEURS DE LA GUERRE COGNITIVE

 

Acteurs institutionnels

Acteurs militaires

  • 4th POG(A) - 4e Groupe d’Opérations Psychologiques de l’US Army.
  • CCDCOE - Le Cooperative Cyber Defence Centre of Excellence est le centre de cyberdéfense de l’OTAN. Créé en 2008, il est installé à Tallin au lendemain des cyberattaques massives dont l’Estonie a fait l’objet en avril 2007.
  • Center for Countering Disinformation - Le centre de guerre informationnelle ukrainien.
  • CIDCE - Centre Interarmées de Concepts, de Doctrines et d’Expérimentation du MINARM.
  • COMCYBER - Le commandement cybernétique français.
  • COMSIC - Commandement des Systèmes d’Information et de Communication.
  • DIRISI - Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information.
  • La cyberdéfense au MINARM - La doctrine française en matière de cyberguerre.
  • Psychological Defence Agency - Agence de Défense Psychologique suédoise créée en 2022.
  • SSSCIP - Le State Service of Special Communications and Information Protection est l’agence ukrainienne de cyberdéfense.
  • US Cyber Command - Le commandement cybernétique américain.

Agences de presse

Entreprises

  • Crisotech - Une entreprise qui travaille sur la gestion de crise dans le champ informationnel.
  • Neuralink - Entreprise de neurosciences spécialisée dans les implants cérébraux.

Groupes de pression et think tanks

Journalisme d’investigation

Médias télévisuels

Médias radiophoniques

Partis politiques

Presse généraliste

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