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Le retour de la violence clanique

PINA (Céline), « Le retour de la violence clanique », in Le Figaro, 8 juillet 2020.

Article mis en ligne le 19 juillet 2020
dernière modification le 12 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

L’agression dont a été victime Philippe Monguillot à Bayonne témoigne de la volonté de certaines communautés d’imposer la loi du clan partout sur leur chemin, entraînant une part de la société dans une logique tribale, analyse l’essayiste Céline Pina. Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de « Viv(r)e la République », elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016).

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À Bayonne un chauffeur de bus a été laissé pour mort, battu par une bande de voyous à qui il avait osé réclamer leurs titres de transport et enjoint de porter leurs masques. Il s’appelle Philippe Monguillot, il a 58 ans et doit bientôt partir à la retraite. Cela s’est passé dans un de ces quartiers que l’on qualifie en général de populaire, pour éviter d’assumer le fait qu’ils sont souvent hors de contrôle et gangrenés par le communautarisme. À Port-Sainte-Marie, dans le Lot-et-Garonne, c’est une jeune gendarme qui a littéralement été écrasée par un trafiquant de drogue de 26 ans qui a voulu forcer un barrage. Elle s’appelait Mélanie Lemée, elle avait 25 ans. Rappelez-vous aussi de Marin, qui faillit mourir pour avoir voulu défendre le droit d’un couple à s’embrasser dans la rue, il est resté handicapé à vie mais son agresseur, lui, devrait être libéré prochainement parce qu’en France les peines de prison sont rarement exécutées. En général la moitié de la peine suffit. À se demander pourquoi on affiche une sanction si elle n’a aucune valeur effective.

Tout cela pourrait être rangé dans la catégorie faits-divers, ne serait-ce l’intense émotion qu’ils provoquent dans la population. Certes ces histoires sont tragiques et l’horreur à laquelle sont confrontés les proches, amis et collègues des personnes agressées ou assassinées explique la compassion. Cependant le ressenti populaire va au-delà de cela : il témoigne du sentiment profond que cela pourrait arriver à chacun d’entre eux. Les Français se reconnaissent en Philippe, Mélanie ou Marin. Ces histoires résonnent en eux car elles parlent de la barbarie et de la sauvagerie qui monte dans notre société. Une barbarie qui montre le retour de la violence clanique qui accompagne la montée de l’idéologie multiculturaliste quand dans certains territoires le communautarisme se développe. Il faut dire que chez certains jeunes ou moins jeunes aujourd’hui, frapper ne suffit pas. Mettre à terre un homme, ce n’est pas avoir fait ses preuves, avoir pris le dessus. Pour qui déplaît ou s’oppose, il est préconisé de « ramollir », ce qui signifie frapper à la tête jusqu’à ce que l’individu soit dans le coma. Une preuve de virilité dans certains quartiers. Et aucun n’ignore que cela peut tuer, même s’ils ne le disent jamais face à un juge. Maurice Berger, pédopsychiatre, qui a écrit un livre sur la violence gratuite chez les adolescents, en parle fort bien.

Le refus de se soumettre à toute loi, de respecter un quelconque règlement, l’agression vue comme légitime de toute figure d’autorité et la volonté d’imposer la loi du clan à l’extérieur caractérisent la régression que nous constatons dans la société. Cette violence-là nous parle de l’incapacité d’accéder à l’individualité, à la responsabilité, au contrôle de soi. Elle nous parle d’individus incapables de se socialiser, qui sont des grenades dégoupillées autant pour leur entourage que pour ceux qui les croisent par hasard. Elle nous parle de l’incapacité à intégrer le monde commun de ceux qui ne se vivent pas comme des êtres conscients et définis mais uniquement comme membres d’un groupe, d’un clan, d’une tribu.

On peut d’ailleurs le constater en regardant de près les discours de ceux, indigénistes, décolonialistes ou islamistes, pour qui l’homme n’est jamais que le représentant de sa race ou de sa religion. C’est ce qu’affirme Houria Bouteldja par exemple dans son ouvrage au fort relent de racisme, « Les blancs, les juifs et nous » quand elle écrit notamment : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie. ». Elle en tire une conclusion étonnante où la protection du groupe racial prédomine tout. C’est ce qui explique pourquoi, selon elle, si une femme noire se fait violer par un homme blanc, elle doit le dénoncer, mais si la même se fait violer par un homme noir, elle doit se taire car elle doit protéger son clan. La protection du groupe passe avant tout, avant la justice, avant la vérité, avant la réalité. C’est cela le fameux « sens de l’honneur » qui parle moins d’honneur que de goût pour la violence gratuite.

Pourquoi cela produit-il une telle violence ? Parce que l’individu ainsi constitué est incapable de toute transcendance, de toute mesure et de toute raison. Il ne connaît comme rapport à l’autre que la domination et son corollaire, la soumission. Tout part de lui et revient à lui, parce qu’incapable d’autonomie, il ne peut se lier à l’autre dans un rapport d’égalité. Du coup toute rencontre est un affrontement en puissance pour savoir si l’on doit baisser les yeux ou les faire baisser. La logique de groupe n’est guère différente. Pour des personnes qui ne se voient que comme représentantes de leur race, de leur sang ou de leur clan, l’autre groupe ne peut être qu’hostile puisqu’aucune loyauté n’est possible en dehors du clan. Pire encore, ce type de fonctionnement empêche d’accéder à la civilisation car cette hyper virilité n’est qu’une castration : elle empêche tout lien fécond à l’autre. L’autre est soit un autre soi, soit un danger. Il n’y a pas moyen d’échanger, de se lier ou de négocier car si l’autre se révèle meilleur, vous êtes humilié, s’il se révèle faible, il faut l’humilier. Accessoirement cela nourrit un discours où la haine se mêle au sentiment de persécution, justifiant toutes les violences.

Ces personnalités sont incapables de comprendre la logique institutionnelle, ni ce qu’est une société politique. Pour eux une expression comme « la loi est dure, mais c’est la loi » est incompréhensible. Le fait qu’elle implique que, même au cœur d’un évènement qui peut être brutal ou blessant, c’est la raison qui doit nous guider et non le sentiment ou le ressentiment est étranger à la logique tribale. De la même façon les personnes infusées par cette vision ne peuvent comprendre ce qu’est une institution au service de la nation. Autrement dit un organisme constitué selon des principes et pour atteindre une fin, le tout au service d’un collectif qui le dépasse, pour nous, le peuple. Pour ceux qui ne connaissent que la logique tribale, la police n’est pas une institution au service de la nation par exemple, mais un groupe comme eux en constituent un. Il est donc parfaitement légitime de l’agresser si elle contrarie leurs intérêts. Voilà où nous en sommes.

Le problème est que cette violence ne vient pas de nulle part et qu’elle est portée par des personnes qu’une partie de la presse met en valeur et dont elle fait des héros. La violence verbale contre la France et les institutions que charrie la mouvance constituée autour d’Assa Traoré unit tous ceux qui transmettent et justifient la violence tribale, du Parti des Indigènes de la République aux frères musulmans et salafistes, en passant les « décoloniaux », ces racistes qui se prétendent antiracistes. Et ils font des ravages chez les esprits faibles.

La violence qui monte dans la société n’est pas le fruit de la misère sociale ou des discriminations, elle est avant tout politique et fait l’objet d’un travail de radicalisation. Celui-ci n’est pas compris ni intégré par tous, mais il fournit un prêt-à-penser qui justifie tous les excès et un discours qui permet de ne pas payer le prix de la souffrance que l’on inflige, en expliquant que celles-ci ne sont que la conséquence de celles que la France a infligé dans le monde. C’est indigent mais cela fonctionne dans les médias et les tribunaux et permet d’échapper à la sanction méritée ou en tout cas de l’amoindrir, comme dans le cas de l’agresseur de Marin.

Voilà pourquoi il faut aujourd’hui arrêter ce « en même temps » délétère qui lie ordre public et lutte contre les discriminations. Non que les deux ne soient pas des objectifs politiques souhaitables, mais aujourd’hui le rétablissement de l’ordre passe avant la lutte contre les discriminations. Il en est même la condition. Si le nouveau gouvernement ne le comprend pas, alors tous ceux qui vivent en France seront de plus en plus en danger car la violence n’est pas prête de diminuer si elle est servie par la complaisance du pouvoir.

Céline PINA

 

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