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Laïcité, immigration, sécurité

MARESCHAL (Édouard de), « Laïcité, immigration, sécurité : les vérités dérangeantes du Général Soubelet », in Le Figaro, 4 avril 2017.

Article mis en ligne le 3 novembre 2018
dernière modification le 15 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Dans son nouvel essai aux accents programmatiques, l’ex-numéro trois de la gendarmerie poursuit son travail d’alerte et défend le bien-fondé de plusieurs mesures fortes, comme le retour des symboles nationaux ou la déchéance de nationalité pour les terroristes. Général de corps d’armée, ex-numéro trois de la gendarmerie nationale, Bertrand Soubelet a été écarté de la gendarmerie en avril 2016 pour avoir dépeint sans fard la situation de notre pays telle qu’il la voyait après trente-cinq ans de service. Après avoir publié son premier réquisitoire, Tout ce qu’il ne faut pas dire (Plon), celui qui a lâché Macron pour se présenter sans étiquette aux prochaines législatives récidive avec un nouvel essai aux accents programmatiques : Sans autorité, quelle liberté ? (Éditions de l’Observatoire). Un ouvrage percutant dans lequel il poursuit son travail d’alerte et défend le bien-fondé de plusieurs mesures fortes, comme le retour des symboles nationaux ou la déchéance de nationalité pour les terroristes.

 

 

Fierté nationale

Les notions de patrie et de fierté nationale ont été trop longtemps dévalorisées, voire dénaturées. Elles reposent notamment sur le respect de certains symboles, dont le premier est notre emblème national. (…) Un drapeau est le symbole d’un peuple, d’une nation, de l’histoire d’un pays et personne ne doit permettre qu’on fasse litière de ce bagage. L’identité nationale n’est pas une expression grossière ni un défi aux droits de l’homme. C’est une réalité qui manque aujourd’hui cruellement de consistance malgré les tentatives hasardeuses des uns et des autres pour essayer de la remettre au cœur des débats. Rêver d’une France dans laquelle tous ceux qui vivent retrouvent le chemin de la fierté et sont conscients du patrimoine dont ils sont héritiers n’est pas une mièvrerie. Je suis de ceux qui n’ont pas l’intention de laisser ces notions capitales à la seule disposition d’un parti d’extrême droite.

Fracture sociétale

Quels sont les intérêts que l’État doit défendre et dans quelle logique s’inscrit-il ? Trop souvent, les décisions de l’exécutif divisent, séparent et dressent parfois les Français les uns contre les autres. Parmi les plus récentes, la plus emblématique a été la loi concernant le mariage pour tous. (…) Sans rentrer dans le débat de fond, qui demeure tout en étant juridiquement tranché, était-il raisonnable, responsable et utile de commencer ces cinq ans par un projet de loi de cette nature ? Ce « pour tous » a été un contresens. Car cette loi a profondément divisé notre pays, conduit l’État à prendre une posture parfois équivoque et à ne pas dire la vérité, notamment sur les chiffres de la mobilisation à l’occasion des manifestations. Elle a conduit à une radicalisation dans chaque camp. Finalement, cette disposition législative qui a mobilisé le pays et des énergies considérables a-t-elle apporté une plus-value significative à l’ensemble de la société ? La réponse est clairement non et cette « croisade » a laissé des traces indélébiles dans l’inconscient collectif. Plus précisément : combien de couples ont bénéficié de ces dispositions depuis la promulgation de la loi ? Moins de 40.000, c’est-à-dire une moyenne de 8000 à 10.000 par an. (…)

J’ai eu cette discussion avec un ministre du gouvernement de l’époque en lui indiquant au cours d’un déjeuner en tête à tête les consignes peu républicaines qui avaient été données à certains commandants d’escadron de gendarmerie mobile en service lors des manifestations de 2013. Certaines directives données par des fonctionnaires de la Préfecture de police pour traiter le cas des « veilleurs » nocturnes sur l’esplanade des Invalides ne furent pas non plus très flatteuses pour notre démocratie. J’ai observé, pour la première fois de ma vie d’officier de gendarmerie, au cours d’une réunion un samedi matin de mai 2013, plusieurs commandants d’escadron de gendarmerie mobile exprimant des problèmes de conscience au regard des consignes contraires à leur éthique. Certains ont pris la décision d’adapter ces consignes et d’autres de ne pas les appliquer. Grandeur et servitude.

L’asile impossible

Sur les réfugiés, il faut dire une chose essentielle. Nous n’avons aucune alternative : nous devons les accueillir. Il s’agit d’un devoir de solidarité humanitaire - qui par ailleurs est imposée à tous les États par les conventions internationales. Quoi de plus naturel que d’accueillir des personnes qui risquent leur vie dans leur pays pour des raisons politiques ? Encore faut-il que ceux qui revendiquent le statut de réfugiés le soient vraiment. (…) Ce ne sont pas les réfugiés qui posent problème - d’autant qu’ils n’aspirent qu’à une seule chose, trouver du travail et reprendre une vie normale. Mais en revanche lorsque les demandeurs d’asile sont déboutés et se voient refuser le statut de réfugiés, l’incapacité de leur faire quitter notre territoire est établie et reconnue. En d’autres termes, un étranger, quelle que soit sa véritable histoire, en se prévalant d’une demande d’asile, est quasiment assuré de rester sur notre sol même si le statut de réfugié ne lui est pas accordé. Nous avons là un problème à régler. Qui aura le courage de l’affronter ? (…)

Le traitement de la « jungle » aurait dû passer par l’identification biométrique de chaque migrant et un traitement individuel qui devait se conclure soit par une admission en bonne et due forme vers le Royaume-Uni, soit une expulsion. Il n’y a pas d’autre solution pour des personnes qui ne veulent pas rester en France. La solution adoptée sur ce cas particulier a été la pire qui soit : la répartition sur l’ensemble de la France dans des communes à qui l’on impose d’accueillir des migrants dont on sait déjà qu’ils ne souhaitent pas s’y installer a été catastrophique. Cette incompréhensible apathie de plusieurs années devant une situation connue donne la mesure du manque de volonté de traiter la question de l’immigration avec pragmatisme.

Déchéance de nationalité

(…) L’interprétation du Coran et la conception de l’Islam portées par les djihadistes ou les salafistes comme vision politique et modèle de société se situent aux antipodes de la démocratie et nous devons nous y opposer par tous les moyens. (…) Seule une minorité nous a déclaré la guerre, soutenue en cela par des puissances étrangères, en particulier des organisations terroristes qui s’érigent en califat. Notre devoir est de traiter cette menace avec le plus grand sérieux puisqu’elle a déjà coûté à notre pays des centaines de morts et de blessés. De ce point de vue, l’action de nos armées en Afrique et au Moyen-Orient contre la source du terrorisme est salutaire. Mais je ne partage pas la position des responsables politiques qui souhaitent empêcher les candidats au djihad de partir en Syrie ou ailleurs. Hormis pour les mineurs, notre énergie ne doit pas être dépensée pour des individus marginalisés qui ont fait leur choix de partir. En revanche, le message à leur adresser doit être précis. S’ils quittent notre territoire dans ce but, ils perdront automatiquement la nationalité française et puisqu’ils se sont engagés dans une guerre contre notre nation, il faut les empêcher par tous les moyens de revenir en France. (…)

Quant à ceux qui restent sur le territoire et qui ont adopté un comportement incompatible avec les lois de notre pays, il faut les traiter judiciairement comme n’importe quel autre citoyen. Pour les irréductibles qui prônent et pratiquent la haine sur un fondement religieux, s’ils sont de nationalité française, il est nécessaire de les confier à des structures sérieuses susceptibles de leur faire abandonner un tel mode de pensée. S’ils ont été condamnés au titre de la loi pour des infractions à caractère terroriste et qu’ils jouissent d’une double nationalité, il est impératif de les priver de la nationalité française et de les reconduire vers le pays dont ils sont ressortissants. (…) Dehors, l’ennemi !

La laïcité au défi de l’Islam

Depuis quelques années resurgit cette question de la place de la religion dans l’espace public. Cela se traduit notamment sous la forme de signes religieux extérieurs, en particulier sur le plan vestimentaire. Que cela soit le fait de religieux, de pasteurs, d’imams, de rabbins, de prêtres, rien de plus naturel. Mais une partie de ces comportements qui concernent essentiellement la religion musulmane relèvent plutôt d’une provocation. L’étape suivante a déjà commencé, avec les revendications identitaires concernant les fêtes et autres menus des cantines scolaires, les créneaux horaires dans les piscines municipales pour les femmes et le refus dans des établissements de santé d’être examiné par tel ou tel médecin pour des raisons qui sont irrecevables dans une démocratie. Ces atteintes quotidiennes à la laïcité et ces dérives nous arrivent de l’extérieur et d’une religion qui n’a pas de fondement historique dans notre pays. Au nom d’une certaine conception de la tolérance mâtinée d’un léger sentiment de culpabilité envers la religion dominante de nos anciennes colonies, nous avons foulé aux pieds les principes avec lesquels nous avons vécu paisiblement pendant un siècle. Aurions-nous perdu tout bon sens ?

La laïcité est un de nos principes les plus précieux, car il protège le fonctionnement de la sphère publique de toute approche religieuse. C’est d’autant plus important que certaines religions comme l’Islam peuvent être aussi un mode de vie et un modèle de société. Or, en France, nous avons laissé progresser l’idée que l’affirmation religieuse ou identitaire dans l’espace public peut être tolérée sous certaines formes. Cette position est extrêmement dangereuse. Elle ouvre la porte à toutes formes de manifestations extérieures. (…)

Policiers en cité

Les forces de sécurité doivent pouvoir accomplir leurs missions avec une plus grande sérénité et encore plus efficacement. Et pour cela il y a des décisions à prendre. (…) La première concerne le degré d’expérience des personnels qui sont affectés dans les unités les plus difficiles en termes d’insécurité. Ce constat concerne probablement davantage la police que la gendarmerie, car les zones qu’elle surveille sont en moyenne plus complexes. C’est en particulier le cas de la région parisienne et des départements de la petite couronne, qui rassemblent à eux seuls les policiers les plus jeunes et les moins expérimentés. Ce sont généralement les sortants d’école qui y sont affectés, car il y a peu de volontaires chez les policiers pour affronter la réalité des quartiers très difficiles. Il y a donc une nécessité absolue de favoriser l’affectation dans ces zones des fonctionnaires expérimentés pour faire en sorte que les réactions en situation opérationnelle soient les plus appropriées. (…) Une seconde mesure concrète - désormais largement pratiquée, mais pas assez - mérite une systématisation : l’enregistrement vidéo de toutes les interventions. (…) Personne ne peut imaginer la sérénité que procure, pour un gendarme ou un policier, le fait que tout ce qui se passe lors d’une intervention est vérifiable sur un enregistrement.

Politique de la ville

La politique de la ville ? Un écran de fumée qui met en place des dispositifs dont personne n’évalue l’efficacité avant d’en changer ou d’en prévoir d’autres. C’est aussi un véritable tonneau des Danaïdes. L’État déverse des sommes colossales - encore une fois, c’est notre argent ! - sans jamais contrôler la pertinence des actions menées par tous les partenaires locaux et associatifs. Le coût pour la collectivité est dément. (…) Quel est le résultat en 2017 ? Personne ne le sait et l’évaluation est malaisée, car le paysage est très fluctuant. (…) Selon le rapport 2015 de l’Observatoire national de la politique de la ville, dans ces 1296 quartiers, quelques chiffres résument l’efficacité de la politique de la ville dans les agglomérations concernées. Ils sont édifiants : 27% de la population y est au chômage alors que la moyenne dans le reste de l’agglomération est de 10%. Les jeunes de moins de 30 ans, ne suivant pas d’études ou de formation, et n’ayant pas d’emplois, représentent 36%, contre 17,4% dans le reste de la ville. Belle réussite. Comment imaginer, avec un bilan pareil, qu’il n’y ait pas de réactions et que ces quartiers ne soient pas le foyer de ressentiment, de rejet et de conduites délinquantes, voire criminelles ?

Les artifices utilisés par les rédacteurs de ces rapports sur le profil des populations de ces quartiers sont d’une grande inventivité. Le rapport de 2015 est de ce point de vue emblématique du déni dans lequel une certaine élite intellectuelle se complaît. Il y est précisé que la population étrangère atteint un niveau de 18,6% dans ces quartiers. Le petit détail qui manque concerne le pourcentage de population d’origine étrangère et on atteint alors des scores qui avoisinent selon les secteurs entre 70 et 80%.

Edouard de Mareschal

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  • SOUBELET (Bertrand), Sans autorité, quelle liberté ? Les Éditions de l’Observatoire, 2017, 280 p.

 


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