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Projet TURING

Projet TURING. Un projet interdisciplinaire du Lycée Jean Monnet de Cognac autour de la vie et l’oeuvre d’Alan TURING.

Article mis en ligne le 29 décembre 2017
dernière modification le 11 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Machine Enigma, modèle M4 (1942)

 

Prenant appui sur le film de Mortem TYLDUM, Imitation game (2014), qui relate la vie et le destin du mathématicien Alan Mathison TURING (1912-1954), une enseignante du Lycée Jean Monnet a lancé, en 2015, une action pédagogique intercycle et interdisciplinaire sous la forme d’un blog : Projet TURING.

Cette action a pour ambition officielle de faire travailler collégiens et lycéens à la croisée de plusieurs disciplines - Mathématiques, SES, Histoire, EMC... -, mais ce qui ressemble, en fait, à une réflexion scolaire tout à fait louable est davantage une tribune relayant des thèmes liés au militantisme féministe et aux luttes LGBT. L’association militante homosexuelle ADHEOS y est notamment présentée dans ses interventions en milieu scolaire.

Alan TURING, qui est entré dans l’Histoire comme le scientifique ayant permis aux alliés de casser le système de cryptage allemand Enigma durant la Deuxième Guerre mondiale - et dont l’homosexualité est aujourd’hui connue -, n’est en fait qu’un prétexte à un travail scolaire dont on pourra regretter l’absence de dimension historique.

Cette dimension est pourtant, de loin, la plus intéressante si ce n’est la plus importante. Dans un article publié dans la revue « Mémoire et Vérité » de l’ASAF (1), le Général (2S) Jean-Marc DEGOULANGE montre tout ce que doit Alan TURING à l’action des services secrets français et polonais et, surtout, aux recherches menées par le mathématicien polonais Marian REJEWSKI (1905-1980) plusieurs années avant le déclenchement de la guerre. Les Polonais s’intéressent, en effet, de près à la machine Enigma et sont les premiers à concevoir les attaques contre elle avec des « bombes cryptologiques » destinées à retrouver les clés de codage.

Enigma fut élaborée par l’ingénieur Arthur SCHERBIUS (1878-1929), d’abord à des fins commerciales avant d’être militarisée dans le courant des années 1920. L’infiltration d’un employé du Ministère de la Défense allemand - Hans THILOT SCHMIDT - permet, à partir de 1931, de mieux comprendre le fonctionnement d’Enigma et de mettre au point les premières attaques cryptologiques. Si les autorités françaises et britanniques ont manqué de clairvoyance quant aux documents fournis par SCHMIDT, les services de renseignement franco-polonais n’ont cessé d’y accorder un intérêt jusqu’au déclenchement du conflit.

TURING a pleinement bénéficié de cet intérêt. Il a rencontré REJEWSKI au début de la guerre, s’est entretenu avec lui et a pu récupérer ses travaux. À cette date, et grâce à l’action des services secrets français, les Polonais ont été capables de reconstituer une machine Enigma dans ses grandes lignes. Sans retirer quoi que ce soit au mérite d’Alan TURING, l’article du Général DEGOULANGE montre une fois de plus qu’entre la réalité historique et ce qu’en retient le grand public (via le cinéma), il y a souvent l’effacement d’une perspective qui nous engage dans le simplisme.

Car l’intérêt est de montrer, avant tout, que l’action de TURING s’inscrit dans une dimension historique et collective qui lui donne tout son sens. À savoir que la guerre secrète qui avait débuté bien avant 1939, et qui a fini par mettre en échec Enigma, a permis d’écourter le conflit et d’épargner de nombreuses vies humaines. C’est en sauvant des vies que le mathématicien devient un héros au sens véritable, non à l’aune de son drame personnel qui en fait davantage une victime.

Esprit scientifique incontestablement génial, Alan TURING n’a pas seulement permis aux alliés de dépasser Enigma. Il est aussi considéré comme l’un des inventeurs de l’ordinateur et, surtout, comme étant le précurseur de l’intelligence artificielle. Si la marche de cette dernière n’aura pas été aussi rapide qu’il le pensait en son temps, elle n’en demeure pas moins une réalité de nos jours. Avec l’IA, l’Homme est désormais mis en concurrence directe avec la machine, et les interactions qui en découlent accompagnent pleinement la révolution de l’ « Homme augmenté », pour ne pas dire la révolution du transhumanisme (2). Devant de tels enjeux, on regrettera que le « Projet TURING » n’intègre pas dans sa dimension transdisciplinaire, et auprès des lycéens, l’apport intellectuel et moral de la Philosophie.

__________

  1. Cf. DEGOULANGE (Jean-Marc), « La véritable histoire d’Enigma », in Mémoire et Vérité, HS n° 10, 2017, pp. 60-62.
  2. Cf. La bibliographie « Esprit de défense » (rubrique « Transhumanisme »).


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