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Le parcours citoyen
Article mis en ligne le 26 novembre 2017
dernière modification le 11 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Présentation officielle du "parcours citoyen" en août 2014 (Ministre de l’Éducation nationale : Madame Najat VALLAUD-BELKACEM)

 

Définition officielle de l’enseignement moral et civique (janvier 2015)

« L’enseignement moral et civique, mis en œuvre à chacun des niveaux de l’école élémentaire, du collège et du lycée général, technologique et professionnel est central dans le parcours citoyen de l’élève :

  1. La sensibilité permet d’exprimer et de développer une conscience morale dans le respect des autres.
  2. Le droit et la règle visent à l’acquisition du sens des règles de la vie sociale.
  3. Le jugement permet de comprendre et de discuter les choix moraux rencontrés par chacune et chacun au cours de sa vie, et de s’informer de manière rigoureuse sur le monde environnant.
  4. L’engagement, enfin, assure la mise en pratique de cet enseignement en insistant sur l’esprit d’autonomie, de coopération et de responsabilité vis-à-vis d’autrui. »​

Une philosophie centrée sur l’individu

L’Enseignement Moral et Civique (EMC) remplace, à partir de 2015, l’Éducation civique dans les collèges et l’Éducation Civique Juridique et Sociale (ECJS) dans les lycées. Il se construit autour de quatre notions : la sensibilité, le droit et la règle, le jugement et l’engagement.

Alors que cet EMC insiste sur la morale - « conscience morale », « choix moraux » et jusque dans son appellation -, il est permis de penser que le processus qui conduit à l’élaboration d’une véritable morale individuelle relève justement d’une sédimentation de longue durée et non d’une doxa imposée directement par l’État sous une forme scolaire. La Morale et son cheminement étant avant tout un questionnement sur la nature humaine, et ce dernier nécessitant une confrontation avec le réel.

Que propose donc l’EMC pour aborder ce cheminement d’une vie ? Des mots qui ne peuvent traduire, fut-ce avec les meilleures intentions, l’objectif recherché. Car la conscience morale n’est pas l’affaire de sensibilité ou d’affects divers. Elle se construit d’abord par une réflexion rationnelle partant de la confrontation avec la collectivité et le réel non de l’individu et de sa sensibilité. Cette rationalité n’exclue pas le sensible, bien au contraire, mais elle le précède et le féconde dans une société où la dictature de l’émotion est bien réelle.

L’EMC est ensuite définie comme « jugement » et non pas comme une réflexion ni une prise de recul. Un jugement qui plus est précède l’information rigoureuse sur « le monde environnant » alors que ça devrait être l’inverse. Comment peut-il en être autrement d’ailleurs quand on sait la complexité des affaires du monde et de la vie ? L’apprentissage de ces connaissances qui permettent justement à un jugement de se former et de s’équilibrer, est aussi œuvre d’une longue sédimentation. Celle-ci demande temps et maturité, ce qui pose la question de savoir à quoi peuvent bien ressembler la « sensibilité » et le « jugement » mobilisés dès l’École primaire et le collège par l’EMC ? Il s’agira surtout d’idées toutes faites et de débats orientés imposés aux élèves sans aucun autre choix intellectuel que celui de professeurs amenés à mettre en pratique une éducation et rien d’autre, car morale et civisme ne sont pas des enseignements au sens disciplinaire ni scientifique du terme.

La question est d’autant plus grave que parallèlement des notions fondamentales sont vidées de leur substance. Avec l’EMC, il n’est plus question de loi mais de « droit » et de « règle ». La Loi en ce qu’elle exprime l’universalité de la République et du Bien commun n’est plus présentée en tant que telle, au même titre que le Bien commun qui désormais est résumé aux « règles de la vie sociale ». Quant à la notion profonde de l’engagement au sens civique du terme, elle n’est plus qu’un pansement superficiel réduit à l’autonomie et à l’action individuelle.

L’actuelle philosophie de l’EMC a, en fait, remplacé l’unité de la Nation par le « vivre ensemble ». Le Bien commun de la Cité n’est plus la finalité de l’éducation du citoyen, quand celle-ci privilégie désormais l’individu et ses droits. Si ces derniers ne sont évidemment pas à remettre en question en tant que tels, ils ne peuvent se substituer à une Éducation civique à part entière. Car lorsqu’il n’est quasiment plus question de devoirs, il ne reste que les intérêts communautaires et l’égoïsme des replis individuels sur le confort et le bien-être du moment.

Un affaiblissement de l’idée de transcendance

L’EMC s’intègre donc dans un nouveau parcours citoyen dont il constitue la pierre angulaire devant "l’éducation aux médias et à l’information, la participation des élèves à la vie sociale de l’établissement et de son environnement, l’inscription des apprentis à des ateliers débats et philosophiques et la préparation en amont de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC)".

On remarquera d’emblée que la Défense c’est ce qui vient en dernier dans l’ordre des préoccupations du nouveau parcours citoyen. Destiné à structurer une véritable Éducation civique au-delà des seuls enseignements scolaires, le parcours citoyen a pourtant pendant longtemps laissé une place relativement visible à l’Éducation à la Défense. Cette dernière était organisée autour de trois volets : un enseignement de défense du cycle primaire jusqu’au lycée, le recensement militaire à l’âge de 16 ans et le rendez-vous JDC à l’âge de18 ans (anciennement JAPD).

Réduite à la JDC, la Défense constitue désormais la dernière étape du nouveau parcours citoyen. Il n’est d’ailleurs même plus question d’enseignement de défense mais d’une « préparation en amont » qui désigne à la fois tout et rien. L’espace historique, géographique et culturel dans lequel l’EMC inscrit l’individu n’est ni le pays réel et vécu ni la Nation mais « le monde environnant ».

Bien plus qu’un éloignement de l’Éducation à la Défense du champ de la Citoyenneté, le nouveau parcours citoyen sape l’Esprit de défense dans ses fondements. Pour s’en rendre compte, il suffit de lire ce qu’il définit dorénavant comme « les grands champs de l’éducation à la citoyenneté » : « la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes et le respect mutuel, la lutte contre toutes les formes de discrimination, la prévention et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, contre les LGBTphobies, l’éducation à l’environnement et au développement durable, la lutte contre le harcèlement. »

De tous les thèmes énoncés pas un ne se réfère explicitement à la Défense du pays. Pire, les notions abordées le sont dans une orientation qui ne permet pas une quelconque prise de conscience de ce qui pourrait amener les citoyens à se défendre au nom d’un intérêt autre que le leur ou celui de leur communauté ethnique ou sexuelle. Le « civisme » ainsi décrit pose avant toute chose le « respect des droits » sans jamais relier ces derniers à un quelconque devoir envers le pays ou la société. Comme nous l’avons vu précédemment, cette notion de « devoir », fondement même de ce qui transcende l’individu et les communautés, est absente. C’est d’ailleurs l’inverse qui est mis en avant à savoir un intérêt communautariste qui, au demeurant, ne peut mieux indiquer en creux la faillite des lois républicaines.

C’est donc l’affaiblissement de l’idée de transcendance qui est, aujourd’hui, le plus dangereux et le plus inquiétant. Une idée sans laquelle il ne peut y avoir de valeurs partagées ni de boussole collective. Qu’est-ce qui pourrait, de nos jours, pousser un jeune Français à vouloir défendre son pays sur la durée au-delà d’un choc émotionnel et médiatique produit par un attentat ? Qu’est-ce qui pourrait lui faire accepter l’idée d’un sacrifice alors qu’il ne perçoit plus, lui-même, clairement l’horizon historique et culturel de son pays, ce dernier ayant été confondu avec « le monde environnant » ? C’est au fond l’idée républicaine et laïque, si ce n’est la Démocratie même, qui sont remises en cause de manière progressive et déportée. « Naître c’est être en dette » écrivait Marcel HÉNAFF et la transcendance c’est avant tout cette idée selon laquelle nous ne sommes que les légataires et les « débiteurs insolvables » d’un héritage qui nous dépasse. Un véritable parcours citoyen devrait d’abord œuvrer à cette prise de conscience, pour ensuite apprendre à faire vivre cet héritage au présent et, in fine, le protéger.

 


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