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La crête de Vimy (1917)
Article mis en ligne le 14 avril 2017
dernière modification le 22 avril 2018

par Nghia NGUYEN

 

Étirée sur 7 kilomètres de long, la crête de Vimy (Vimy ridge) marque le début du pays de Gohelle en Artois. Le site est un plateau qui porte le nom de la commune de Vimy située à 8 km au sud de Lens. Occupé par les Allemands depuis l’automne 1914, ce plateau était, depuis, solidement défendu par trois lignes de tranchées échelonnées sur son versant ouest, organisées autour de nombreux points fortifiés. Ces derniers – dont beaucoup étaient bétonnés et reliés par un réseau de tunnels - témoignaient de l’importance que les Allemands attachaient à ce site dans leur dispositif défensif.

De fait, la crête de Vimy constituait à la fois un point d’observation privilégié et un verrou. Elle permettait de diriger de redoutables tirs d’artillerie sur les lignes alliées situées en contrebas, ainsi que sur la ville d’Arras située à 13 km au sud. Tenir le plateau de Vimy c’était aussi contrôler la plaine de Lens et une partie de son bassin minier. Jusqu’en 1917, l’assaut des tranchées allemandes qui le défendaient avait coûté la vie à plus de 150 000 soldats français et britanniques (offensive de l’Artois de 1915). En avril, le secteur de Vimy était commandé par le général allemand Ludwig von FALKENHAUSEN (1844-1936).

Un épisode de la bataille d’Arras

La bataille de la crête de Vimy s’inscrit dans le cadre d’une offensive britannique plus large - la bataille d’Arras – qui, elle-même, précédait une autre offensive française d’importance : la bataille du Chemin des Dames. Si la bataille d’Arras avait pour objectif d’obtenir une rupture du front allemand par une percée tactique à l’Est d’Arras, elle avait surtout pour objectif stratégique de fixer une partie du corps de bataille allemand au moment où le général français Robert Georges NIVELLE (1856-1924) prévoyait de lancer, le 16 avril suivant, une offensive majeure plus au sud.

Ce sont les Canadiens de la 1re Armée du British Expeditionary Force (1st BEF) – située au nord du dispositif -, qui reçoivent la mission de s’emparer de la crête de Vimy. La préparation des quatre divisions qui vont devoir monter à l’assaut des trois lignes de tranchées allemandes est, d’emblée, minutieuse. Les expériences cumulées des batailles de l’Artois, de la Somme et de Verdun, sont systématiquement exploitées dans les limites techniques et tactiques de l’époque. En 1917, Français et Britanniques ont, en effet, une longue et malheureuse expérience de ce genre d’attaque. La combinaison du fil de fer barbelé et de la mitrailleuse sur un champ de bataille battu par des bombardements d’artillerie d’une densité exceptionnelle, la lenteur des mouvements (notamment des réserves), transforment ce type de confrontation en une véritable tuerie de masse pour l’infanterie. Pour les Canadiens, qui vont constituer les troupes de choc du 1st BEF, il s’agit d’éviter un carnage tel celui du 1er juillet 1916 – premier jour de l’offensive de la Somme – où 30 000 soldats britanniques furent tués et blessés dès les six premières minutes de l’assaut ; 60 000 au total au soir du même jour.

Une préparation rigoureuse

Si le commandement de la 1st BEF reste anglais en la personne du Général Henry HORNE (1861-1929), le commandement des quatre divisions canadiennes est laissé à un officier canadien : le Général Julian BYNG (1862-1935). Les forces canadiennes conserveront donc leur unité et leur homogénéité jusque dans le commandement. Le Général BYNG s’emploie d’emblée à une réactualisation des cartes. Pour cela, il multiplie les reconnaissances aériennes du futur champ de bataille ; ces dernières produisant de très utiles photographies des positions allemandes. Les secteurs d’attaque sont, donc, bien connus des Canadiens, qui ont même pu s’entraîner sur des reconstitutions détaillées de certaines positions.

L’entraînement des unités est particulièrement poussé. Jusqu’à l’échelon de la compagnie les soldats apprennent à agir avec une certaine initiative, sans leurs officiers, dans le cadre d’une progression rapide et minutée. Il s’agit d’éviter les points durs de la résistance allemande, de ne pas s’y arrêter, de les contourner tout en protégeant les flancs. La progression doit ainsi être continue : la première vague d’assaut devant être enjambée dès la prise de la première tranchée par une deuxième vague tenue en réserve. Cette dernière devant être à son tour dépassée par une troisième vague en réserve sur la deuxième tranchée.

Surtout, les différentes vagues d’assaut – soutenues par des blindés - doivent apprendre à manœuvrer en coordination chronométrée avec l’artillerie dont le feu roulant les précédera d’une centaine de mètres. Cette coordination est importante car l’artillerie devra allonger son tir progressivement au rythme de la progression de l’infanterie. Si cet allongement est trop rapide, il laissera le temps aux défenseurs de réoccuper les postes de combat. S’il est trop lent, il ralentira au mieux l’avancée des troupes, au pire il les prendra sous son propre feu.

Autre élément important, l’artillerie britannique prévoit d’utiliser les toutes nouvelles fusées à percussion instantanée n° 106. Il s’agit d’un type de détonateur particulièrement sensible, étudié pour faire exploser les obus dans la boue ou les sols mous (craie et argile). Les obus équipés de fusées n° 106 permettront ainsi d’ouvrir des brèches dans les réseaux de barbelés, partant de faciliter la progression rapide des fantassins (1).

Le Général BYNG opère également un effort particulier sur la logistique de l’attaque. D’importants travaux de terrassement sont réalisés pour protéger les stocks de munitions et de matériels, et les acheminer rapidement. Une douzaine de tunnels sont creusés pour permettre le déploiement de l’infanterie au plus près des lignes allemandes, et lui épargner ainsi une trop longue progression dans un no man’s land battu par le feu ennemi.

 

Soldats canadiens sur la crête de Vimy

 

Une victoire tactique

Dès le 20 mars 1917, l’artillerie britannique ouvre le feu sur les positions allemandes : tranchées, routes, carrefours, dépôts divers sont visés. Il s’agit de désorganiser le dispositif allemand dans sa profondeur. Le bombardement gagne en intensité dès les premiers jours du mois d’avril. Le 8 avril 30 000 soldats canadiens sont acheminés, par les tunnels, devant la première ligne de défense allemande qui entre temps a été aussi minée. L’explosion des mines est le signal de l’attaque le 9 avril à 5.30 du matin. En fait, c’est l’ensemble du front britannique qui s’embrase jusqu’à Arras.

Pour les Canadiens la bataille est cependant rapide. En moins d’une heure une grande partie de la première ligne allemande tombe entre leurs mains. Dans la matinée, des secteurs de la deuxième ligne sont déjà atteints. Au soir de cette première journée, une grande partie du plateau de Vimy est contrôlé par les hommes du Général BYNG. Le lendemain, 10 avril, en dépit de pertes sévères en certains endroits, les Canadiens parviennent à enlever le point culminant du plateau situé au nord de la crête : la cote 145.

La position devient désormais intenable pour l’armée du Kaiser qui commence à se replier. Le 12 avril, la crête de Vimy est solidement tenue par les Canadiens qui ont perdu un tiers de leurs effectifs dans la bataille. 3600 d’entre eux ont été tués dans les combats, 7000 autres ont été mis hors de combat. Surpris par l’assaut, les Allemands laissent 3500 prisonniers, mais ils perdent surtout une position essentielle. Refluant vers le bassin minier, ils évacuent leur artillerie jusqu’à présent installée sur la contre-pente et dorénavant exposée.

La bataille de la crête de Vimy est une incontestable victoire canadienne au moment où l’offensive britannique plus au sud commençait à s’enliser. Aussi bien préparé que l’attaque canadienne, et bénéficiant des carrières souterraines d’Arras pour approcher les lignes allemandes, l’assaut de la 3e Armée de la BEF (et de la 5e plus au sud) se heurte néanmoins à un afflux important de renforts allemands dès le 14 avril. En dépit d’un gain tactique de plusieurs kilomètres, il est rapidement enrayé.

Lieu de mémoire anglo-saxon, la crête de Vimy fait partie de ces champs de bataille où les dominions de l’Empire britannique prirent conscience de leur identité nationale du fait de l’ampleur de sacrifices consentis sous une bannière qui n’était plus exclusivement britannique. Ainsi, cette bataille a souvent été décrite comme faisant partie des événements fondateurs du « Canada moderne ». Si l’expression relève d’un raccourci historique, le symbole que représente encore de nos jours le plateau de Vimy pour l’âme canadienne reste bien ancré. C’est sur la cote 145, entre la départementale appelée « Route des Canadiens » et la route nationale 17, que se dresse aujourd’hui l’imposant mémorial de guerre dédié aux 65 000 soldats canadiens tombés durant la Première Guerre mondiale.

  1. L’un des retours d’expérience de la bataille de la Somme fut, en effet, de montrer que de nombreux obus n’avaient pas explosé : la boue ou un sol trop meuble ayant amorti l’impact notamment dans la phase de décélération du projectile. Par ailleurs, l’explosion en profondeur des obus ne permettait pas non plus de détruire le réseau de barbelés dans lequel l’infanterie devait ouvrir son chemin sous le feu ennemi.​

 

Vimy Ridge - Marche de la 1re Division canadienne

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Bibliographie

  • BUFFETAUT (Yves), La bataille d’Arras-Vimy, Ysec Éditions, 2013, 128 p.
  • MORIN-PELLETIER (Mélanie), Vimy 2017, Le Musée canadien de la Guerre, 2017, 120 p.
  • MORIN-PELLETIER (Mélanie), Briser les ailes de l’ange, Athéna Éditions, 2007, 185 p.


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