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La véritable domination masculine se trouve dans les territoires perdus de la République

FEERTCHAK (Alexis), « La véritable domination masculine se trouve dans les territoires perdus de la République », in Le Figaro, 10 septembre 2016.

Article mis en ligne le 29 janvier 2017
dernière modification le 11 novembre 2020

par Nghia NGUYEN

Laurence Rossignol a lancé une campagne ministérielle contre le sexisme. Dans un entretien fleuve, la philosophe Bérénice Levet décrypte l’idéologie du « genre » qui refuse de s’attaquer à la vraie menace qui pèse sur les femmes, l’islamisme. Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie à l’Ecole Polytechnique et au Centre Sèvres. Son dernier livre La théorie du genre, ou le monde rêvé des anges, publié chez Grasset en novembre 2014, vient de sortir dans une version « Poche » chez Hachette avec une préface inédite de Michel Onfray.

Figarovox - Le ministère du droit des femmes vient de lancer une campagne ministérielle contre le sexisme, spécialement contre le « sexisme ordinaire », appuyée sur un sondage aux chiffres alarmants : 40% des femmes assurent avoir été victimes d’une humiliation ou injustice liée à leur sexe ?

Bérénice LEVET - L’initiative ministérielle est un indice supplémentaire, s’il en fallait, de ce que la Présidence Hollande se sera exténuée jusqu’au bout dans des batailles soit vaines soit destructrices - comme dans le cas de l’école où, sous couvert de refondation, il ne s’agit rien de moins que de parachever sa transformation en centre d’animation, ou du mariage, institution qui a été vidée de toute signification : consacrer l’amour entre deux êtres n’était pas sa fonction. Or, le pays réclame des actions qui ne devraient souffrir aucun délai, et ce, spécialement dans le domaine dont Madame Rossignol a la responsabilité. Les femmes deviennent un véritable enjeu de la guerre que l’islamisme mène avec détermination contre notre civilisation. Plutôt que d’exhiber des chiffres qui disent tout et rien, je voudrais que l’on reconnaisse une fois pour toutes que si régression de l’égalité entre les sexes il y a en France, si domination et patriarcat il y a dans notre pays, cet état de fait est lié exclusivement à l’importation, sur notre sol, des mœurs musulmanes, et non à je ne sais quelle survivance du passé.

Plutôt que des sondages qui noient dans la généralité et l’abstraction des chiffres, des réalités fort contrastées - car quoi de commun entre une femme qui s’interdit de porter telle tenue vestimentaire par crainte d’entendre ses collègues masculins l’en complimenter et une femme qui, en banlieue, exclut de porter une jupe ou un short par soumission aux codes dictés par un Islam rigoriste dont les Grands frères se font les gardiens ? -, plutôt que ces sondages donc, Madame Rossignol ferait bien de lire par exemple, l’essai de Géraldine Smith, Rue Jean-Pierre Timbaud. Une vie de famille entre barbus et bobos. Elle y apprendrait, entre autres choses tout aussi édifiantes, qu’il est des boulangeries, en plein cœur de la capitale, où les hommes sont systématiquement servis avant les femmes. La croisade contre le sexisme et la reconquête de ces territoires ne se fera pas à coup de manifestations festives.

Plutôt que de divertir la nation avec la mobilisation de « people » contre le sexisme ordinaire et la distribution de badge estampillé « Sexisme, pas notre genre », le gouvernement devrait porter le fer là où s’exerce une véritable domination masculine, en commençant par les territoires perdus de la République, ces enclaves ayant fait sécession d’avec nos mœurs, nos lois, nos principes, dont l’égalité des sexes, vivant sous l’autorité et la règle d’un Islam radical. Les femmes qui se dressent vaillamment contre leur assujettissement, s’y retrouvent bien seules. Il est vrai que cela suppose un courage qui n’est pas notre fort. Autant il est aisé de mobiliser contre le mâle blanc hétérosexuel de plus de cinquante ans, autant il est inenvisageable de réunir Julie Gayet ou Axel Kahn, pour ne citer que deux des parrains de l’opération de Madame Rossignol, contre la mise sous tutelle des femmes par l’Islamisme. J’aimerais les voir aux côtés de Nadia Remadna, la présidente de la Brigade des mères à Sevran par exemple.

  • Surtout après l’affaire du « burkini », une large partie du gouvernement ne parle guère d’Islamisme. Sur la question des femmes, Laurence Rossignol a lancé l’expression de « campagne culturelle ». Qu’en dîtes-vous ?

Cette « campagne culturelle » est l’ultime invention des communicants d’un président aux abois. S’agit-il de reconquérir un électorat perdu ? Doit-on y voir une tentative de diversion, afin de faire oublier l’incurie et l’impéritie du gouvernement ? Et avec quelle ardeur et quel zèle les médias relayent la campagne du gouvernement. Je pense notamment à France Inter qui a ouvert le bal en recevant dès lundi, Laurence Rossignol, laquelle leur a fait l’honneur de « dévoiler » des chiffres alarmistes sur les humiliations, les injustices dont les femmes seraient victimes. Or, c’est sur cette même antenne que, quelques jours auparavant, Thomas Legrand vociférait contre ceux, dont je suis, qui avaient eu la faiblesse de prendre au sérieux l’irruption sur nos plages de ce vêtement qui dit non seulement la sécession d’avec la communauté nationale mais la soumission des femmes à des diktats masculins. « Surenchère normative » dénonçait-il, et complicité implicite avec le Front national.

  • Qu’est-ce qui peut motiver idéologiquement Laurence Rossignol ?

L’esprit qui préside à cette campagne ministérielle s’inscrit dans la continuité du rapport sur « le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun » et poursuit le même objectif. Il s’agit de conduire les femmes à ne pas oublier qu’elles sont et demeurent les victimes des hommes, c’est-à-dire, je le répète, des mâles blancs hétérosexuels et, suspects entre tous, de plus de cinquante ans, partant que la lutte continue. Ces néo-féministes ne redoutent rien tant que de voir les femmes considérer que l’égalité est acquise - ce qui est, soit dit en passant. Lorsque le rapport sur les transports en commun fut rendu public, l’information a été couverte par tous les médias, unanimement et presque toujours dans les mêmes termes : « Harcèlement dans les transports en commun : 100% des femmes en ont été victimes ». Ce score, si je puis dire, m’intrigua. Je lus donc attentivement le rapport. La conclusion était quelque peu hâtive, la réalité était que 100% des femmes avait fait l’expérience d’un regard suggestif, d’une apostrophe flatteuse, d’un sourire enjôleur. Or, et là était le problème, pour le Haut Conseil à l’Egalité dont émanait ce rapport, les femmes n’identifient pas spontanément et nécessairement ces signes à du harcèlement, ni l’homme sensible à leur charme à un agresseur. L’enjeu de la campagne était donc de faire prendre conscience aux femmes qu’elles étaient victimes d’agression. Naïves que nous sommes, nous interprétons comme un hommage à notre féminité ce que nous devrions ipso facto identifier comme une offense ! Le scénario est toujours le même avec ces belles âmes, il y a d’un côté, les consciences instruites et de l’autre, les masses ignorantes qu’il faut éclairer. L’objectif est le même objectif. Je voudrais souligner que rien n’est plus offensant pour la femme que je suis que d’entendre mes semblables verser dans un discours victimaire, se plaignant, comme dans une cour d’école, des « humiliations », des « injustices » que les hommes leur feraient subir, comme si nous n’avions toujours pas accédé à l’âge de la majorité et n’étions pas en mesure de répliquer à ces avanies.

  • Le ministre Laurence Rossignol a déclaré que le sexisme était un « ensemble de stéréotypes, de représentations, de comportements qui parfois sont nichés dans notre inconscient collectif et qui contribuent à « impuissanter » les femmes, les ramener toujours à une condition dont elles sortent depuis plusieurs dizaines d’années et les déstabiliser au quotidien ». Cette définition frappe par la largeur de son spectre comme si la reconnaissance d’une différence des sexes était déjà en soi une forme de sexisme. Qu’en pensez-vous ?

Avant de vous répondre sur le fond, j’attirerai l’attention sur ce verbe forgé par la ministre ou sans doute ses communicants, « Impuissanter »… Mona Ozouf disait des femmes qu’elles étaient les vigies de la langue, mais c’est assurément un préjugé sexiste que la ministre a à cœur de démentir ! Le gouvernement nous a certes accoutumé à pareil volapük, mais le ministère de Madame Rossignol se montre particulièrement sourcilleux sur la langue. Il est vrai que celle-ci n’intéresse qu’en tant que cheval de Troie du sexisme. Je renvoie au grotesque « Guide pratique pour une communication sans stéréotype de sexe » édité en novembre 2015 par le Haut conseil à l’égalité. Chacun aura d’ailleurs observé, partageant peut-être mon impatience, qu’il n’est pas un ministre, à commencer par le Premier d’entre eux, qui ne se soumettent à l’impératif catégorique énoncé en son temps par Najat Vallaud Belkacem, l’inversion de la préséance dans le rapport du masculin et du féminin : tous parlent à l’unisson de l’ « égalité femme-homme ». L’usage du mot sexisme ne vise rien d’autre qu’à diaboliser, criminaliser toute perception, toute pensée, toute exaltation de la dualité sexuelle. Cette épithète est absolument redoutable, elle vise à surveiller et punir les hommes en tant qu’ils s’obstinent à voir dans les femmes des femmes et à n’y être pas indifférents.

Cette notion de sexisme est, à dessein, une nébuleuse. Elle est une sorte d’enseigne destinée à recevoir les réalités les plus floues : N’importe quelle parole, n’importe quel comportement suspect de pactiser avec le « mythe » de la différence des sexes est menacé d’y être expédié. Où commence, où finit le sexisme ? La frontière ne peut être tracée. C’est donc une chasse illimitée et sans merci qui s’ouvre. Il n’est pas inutile de rappeler que le mot de sexisme a été forgé sur le modèle du terme racisme. Il n’est donc pas fortuit qu’il en partage les dérives. De la même façon que se trouve assimilé à une attitude raciste tout attachement à la nation, à ses mœurs, à son histoire, à sa singularité et la hantise de la voir se dissoudre ; se trouve rangé sous le vocable de sexisme, toute attitude qui témoigne de l’attachement à une certaine idée du masculin, du féminin et du jeu qui se noue entre eux, et l’obstination à les perpétuer. La ministre se réjouissait sur France Inter de ce que ce vocable de sexisme, longtemps confiné dans les cercles militants, se soit diffusé dans l’ensemble de la société. La présidence Hollande, avec Najat Vallaud-Belkacem qui occupa ce ministère de 2012 à 2014, chaperonnée par l’inénarrable Caroline de Haas, y aura amplement contribué. Souvenons-nous des séminaires de sensibilisation aux préjugés sexistes imposés en 2012 à l’ensemble de son gouvernement par le Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, et ce à l’initiative de la future ministre de l’Education nationale. Ces stages visaient à immuniser nos ministres contre toute parole qui ferait référence à une quelconque différence des sexes. La fondatrice d’ « Osez le féminisme » leur projetait des images de babygros, afin de démontrer qu’à peine né, chacun des sexes se trouvait assigné à un rôle, fatalement dévalorisant pour le sexe féminin (gourmande, jolie), flatteur pour le sexe masculin (vaillant, robuste). Et voilà comment le destin des hommes et des femmes serait à jamais scellés ! Les ministres ressortaient édifiés, incapables d’objecter quoi que ce soit à ces démonstrations purement idéologiques. Il ne s’agit pas de défendre les stéréotypes - il en est assurément - mais de prendre garde à ne pas rabattre toute pensée de la différence des sexes sur des stéréotypes, sur des préjugés.

  • De quoi « les stéréotypes, les représentations, les comportements nichés dans l’inconscient collectif » dont parle justement Madame Rossignol sont-ils le nom ?

Ils ne désignent rien de moins que l’imaginaire collectif, les significations que nous avons attachées au masculin, au féminin, au relation et au jeu qui se nouent entre eux et qui cimentent la communauté nationale. Nous avons perdu le sens de la gratitude pour nos mœurs, on nous a tympanisé les oreilles avec l’idée que la différence des sexes n’avait été pensée, conçue qu’en termes de domination. Le paradigme des rapports de force hérité de Michel Foucault s’est imposé comme grille de lecture exclusive, nous rendant inaccessibles au moindre sentiment de dette. Dans l’esprit de ce féminisme converti à la radicalité anglo-saxonne et acquis aux thèses du Genre, le premier des préjugés est de croire en la différence des sexes. Ces néo-féministes aspirent à vivre dans un monde où il n’y aurait plus ni homme ni femme, seulement des individus neutres, délestés de toute enveloppe charnelle.

  • Dans Eloge de l’amitié, Tahar Ben Jelloun écrit : « Respecter une femme, c’est pouvoir envisager l’amitié avec elle ; ce qui n’exclut pas le jeu de la séduction, et même, dans certains cas, le désir et l’amour ». N’est-ce pas là une réponse des plus adéquates aux plus extrémistes, qu’ils soient islamistes ou féministes ?

Assurément. Car en effet, l’islamisme et le néo-féminisme inspiré du féminisme américain se rejoignent dans une même hantise du désir que l’homme et la femme s’inspirent respectivement. La croisade des féministes est tournée contre l’hétérosexualité. La rédemption, à leurs yeux, est dans l’homosexualité : le désir du même pour le même mettrait à l’abri du rapport de domination qui sature la relation homme/femme. Et il n’est pas fortuit que la France soit leur commun abcès de fixation, car plus que tout autre nation, nous avons exalté ce jeu de la séduction dont parle Tahar Ben Jelloun. Je mentionnerai également le bel hommage que Kamel Daoud rendait à notre art de la mixité des sexes dans un entretien au Magazine littéraire : « Ce que je jalouse dans l’Occident, disait le romancier, la seule avance qu’il a, comparé à nous, c’est dans le rapport aux femmes » et dans un autre entretien, il distinguait particulièrement la France dont la littérature, confiait-il, avait joué un rôle majeur dans sa propre éducation amoureuse. Si aujourd’hui, gouvernement et médias se donnent la main pour peindre une France inamicale, voire hostile aux femmes, souvenons-nous qu’en novembre 2015, après les carnages islamistes des terrasses de café des Xe et XIe arrondissements de la capitale, la mixité des sexes était célébrée comme une composante essentielle de l’art de vivre à la française.

  • Comment expliquez-vous ce décalage voire cet aveuglement radical face à la menace islamiste à l’égard des femmes ?

Ce décalage s’explique par le deux-poids deux-mesures de l’islamo-gauchisme. Les néo-féministes en offrirent un funeste exemple lors des agressions sexuelles de Cologne la nuit de la saint-Sylvestre. Les agresseurs étaient musulmans. Entre deux maux - la violence faite aux femmes et la crainte de se rendre suspect d’islamophobie, de faire le jeu du Front national - les égéries du néo-féminisme n’hésitent pas un instant. Elles sacrifient les femmes. La barbarie peut croître, leur conscience est sauve : elles restent du côté de ceux qu’elles ont définitivement rangés dans le camp des opprimés, des reprouvés, des damnés de la terre. Ces égéries comptent des hommes, notamment Eric Fassin qui, à la faveur de cet événement, a déployé une rhétorique destinée à déresponsabiliser les coupables, tout à fait ignominieuse . L’idéologie triomphe de toute exigence de vérité et de tout principe de réalité. On songe à la phrase de Tartuffe au sujet d’Orgon : « Je l’ai mis au point de tout voir sans rien croire ». Cela vaut pour le féminisme contemporain.

Propos recueillis par Alexis Feertchak

 


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